Voilà que,
Tout à coup et partout tout d’un coup,
S’effrite le couvert nuageux.
La chute des flocons,
Minuscules mais innombrables,
Dissimule le cadre visuel qui permet d’apprécier la splendeur
Du versant montagneux façonné par le temps qui surplombe le village.
Le sol,
Bientôt la blancheur l’abritera.
Il y a moins de deux cents ans,
Les premiers à s’établir ici même,
Qui vivaient sans eau courante, sans « estristé » et sans « sicard »,
Ont évidemment été eux aussi confrontés
À l’angoisse que génèrent dans le coin les tempêtes de neige.
Pour nous, aujourd’hui, on peine à imaginer cette réalité d’antan.
Dehors,
L’eau, arrachée à la terre pour ensuite devenir nuages, s'échoue
Présentement sous forme de particules de poussière de glace
Qui redeviendront nourricières une fois fondues.
Mais tout est présentement trop calme,
Trop beau,
Trop envoûtant.
En principe, le vent devrait se lever et la neige s'intensifier,
Car derrière
Cette chute anodine et presque féérique de petits flocons
Se dissimule la tempête.
De forts vents et de considérables précipitations sont prévus.
Mais on s’adaptera à ce soubresaut météorologique,
Comme nos prédécesseurs l’ont toujours fait
Et comme nous conseille de le faire
Notre langue maternelle,
Langue aux deux genres,
Quelque peu compliquée,
Qui cherche à souder les différences des genres,
Qui tend à s’adapter plutôt qu’à s’imposer pour mieux saisir la réalité.
Nadagami