Depuis les sommets montagneux,
Depuis un mautadit bon boutte de temps,
Un vent tout en lugubres et sifflantes lamentations.
Se fait aussi menaçant le vent
Qui soulève des traînées de poudrerie
Et dessine par des amoncellements de neige durcie sur le sol
Les flammes du froid brûlant.
Et nous,
Pendant ce temps
Et en nous pendant à ce temps,
De nous demander si on sortira et si oui, quand.
Souffle presque sans arrêt le vent.
S’abandonnent à ses soubresauts capricieux les branches effeuillées.
Sur le sol toujours croissent
Les bancs de neige qu’effile le vent.
Tantôt on ira souffler,
La neige,
Durcie,
Devenue imposantes lames de neige s’étirant tout en longueur.
Continue de souffler de son souffle le vent
Qui génère une poudrerie
Qui, sur le sol, finira par se transformer en bancs de neige.
En somme, aujourd’hui l’hiver est surtout éolien.
Il y a moins de deux cents ans,
En ces lieux dominait la forêt.
Depuis,
Hommes, femmes et enfants ont conquis ces terres hostiles.
Aujourd’hui, on y récolte entre autres choses l’eau d’érable.
Mais avant que des arbres ne s’échappe goutte à goutte l’eau sucrée,
Il faut vivre avec la neige, le froid, les longues nuits, les tempêtes
Et les séances répétées de pelletage.
Toute la journée la force du vent a décliné.
La bleuité des ombres sur la neige a avalé toutes les taches de lumière.
Ce soir, tantôt, bientôt, encore la neige.
Mais avant d’être replongé dans le noir de la nuit, on retourne dehors.
Nadagami