Puis, ont suivi cette sensation que plus rien n’avait de sens
Et ensuite, celle de nous savoir perdu au milieu de nulle part.
En somme, ce n’était que la fatalité qui nous avait rattrapé.
C’est quand même étrange qu’on se demande encore à notre âge
Ce qu’un jour on finira par faire de bon au cours de notre existence
Alors que, face à notre inévitable mort,
On fait tout pour esquiver la question.
Bin oui!
La mort...
Le grand départ,
Inévitable.
C’est comme si, ce matin, il n’y avait plus que cela,
La mort,
Face à laquelle
On est très mal préparé.
On se dit poète.
Mais en même temps, poète qui doute que ce qu’il écrit
Soit de la poésie.
Nos mots, ce sont trente-six lignes de placotage quotidien.
Poète, l’est-on vraiment?
Plutôt : messager qui écrit des messages.
En somme : messager rédacteur.
Un jour,
Voilà de cela un mautadit bon boutte de temps (on était alors enfant),
On s’imaginait être le propriétaire d’un établissement commercial
Qui avait comme raison d’être
La vente et la récupération de bouteilles de verre.
On se voyait à l’intérieur d’une cabane faite de planches de bois,
Qu’on avait évidemment construite nous-même,
Et où des gens se présentaient pour y échanger des bouteilles.
Ce qu’il y avait dans les bouteilles?
Peut-être les messages d’un rédacteur de messages... Ouin! Peut-être...
Mais un jour, il nous faudra fermer notre commerce.
Il ne pourra en être autrement
Puisqu’il nous sera impossible de prendre place derrière le comptoir.
Nadagami