De l’invisible tristesse.
La nostalgie impossible
D’un temps qui aurait dû être heureux.
Il est difficile de découvrir
Et ensuite d’être conduit à l’acceptation du fait
Que jamais nos enfants ne nous ont aimé.
Abandonné,
Seul avec des souvenirs
Et le refus appréhendé du maintien de liens affectifs,
Si ce n’est que pour obtenir de quelconques matérialités en retour.
C’est la réalité.
En plus de nous avoir demandé de quitter la maison,
Il aurait fallu par la suite
Vivre la séparation
Sans dire un mot.
Sauf que du jour au lendemain,
On est devenu père d’un vide
Comblé par l’immatérialité des souvenirs.
Dans ce cas, pourquoi vivre la rupture selon les modalités de l’autre?
Rejeté depuis toujours par nos parents,
Rejeté à l’école,
Rejeté au travail,
Finalement rejeté par nos enfants.
Rejet.
Il est vrai qu’on est misanthrope.
Mais l’était-on à la naissance
Ou n’aurait-on pas plutôt appris à le devenir?
Rejet.
Il pleut.
Semaine, la seconde, des vacances de la construction.
Mais aussi semaine de pluie.
Rejet.
Il nous semble aussi qu’on ne peut vivre en société
Quand cette même société nourrit chez nous
Le désoeuvrement.
Rejeté,
Par tous
Et partout.
Toujours.
On est qui ont est.
C’est la vie.
Passe le temps,
Souffle le vent.
De toute évidence et comme d’habitude,
On n’a rien à dire.
Toujours le vide,
Toujours le rejet.
On tape
Tout en repoussant tout élan de réflexion.
Quoi dire?
Quoi penser?
Le vide.
La tristesse.
Pourquoi la tristesse?
L’asociabilité parfois pèse.
En émane le sentiment de l’inutilité de notre présence.
Pourquoi vivre si,
À l’exception de broyer du noir,
On ne contribue à rien?
C’est la vie, notre vie.
En nous, une tristesse.
Mais voilà,
C’est à nous que revient la responsabilité de nous réaliser,
D’être ce que nous sommes,
Fondamentalement.
Peut-être aussi irrespectueusement et détestablement,
Surtout qu’il se peut qu’irrespectueux et détestable on soit.
Nadagami