D’où?
De quelques jours sans mots tapés;
Une scissure.
Dehors,
La pluie.
Le printemps débarque
Et la neige de redevenir eau.
Grisaille avaleuse
De montagnes,
D’horizons,
De libertés.
Qu’ont donc à dire mes doigts?
Je cherche encore,
Une fixation sans doute,
Le pourquoi du choix de l’appellation Buckland.
Comme il m’arrive souvent,
Plutôt que de taper, j’ai cherché :
Buckland;
Ensuite Hertford, devenu plus tard Bellechasse.
S’arrachent
Du toit de la maison
La neige et la glace accumulées
Au cours des derniers mois.
J’attends,
Impatient,
Que les mots
Viennent s’échouer sur la page.
Écrire,
Pour rien,
En attendant
Que le vent finisse par se lever.
Le doute?
La paresse?
Il n’empêche que j’écris depuis plusieurs années.
Je perds mon temps?
Ce n’est pas facile
De travailler pour rien,
De taper des mots
Et de les relire,
De les polir
Pour enfin ressentir la satisfaction
Du travail accompli.
Mais pas plus.
On se demande parfois,
Souvent,
Très souvent :
Mais pourquoi écrire?
Le vide,
Devant,
Le vide,
Mais on y fonce tête baissée,
Les yeux fermés,
Coiffé d’une tuque parce que c’est encore l’hiver,
Sans gants parce qu’on les a oubliés,
Chaussé de bottes à vêler parce qu’il mouille.
Et on continue,
Sans penser
À compter tout ce temps consacré
À taper des mots sur une page au départ blanche.
Nadagami