Une journée de printemps en plein mois de janvier.
Pas un air de vent.
J'ai marché sur l'eau, sur la neige, sur l'eau gelée qu'est la neige.
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Ce matin sur les lames de neige durcie couraient,
Telles des mèches de cheveux rebelles d'une tête ébouriffée de géante,
Les ombres bleues démesurément longues des branches dénudées des arbres
Qui filtraient la lumière d'un soleil peu vaillant de mi-janvier.
Absorbé par ce jeu d'ombres, j'ai tout à coup été dérangé par un bruit.
C'était derrière moi.
Je me suis retourné mais
Que pour provoquer l'envol subit de trois mésanges à tête noire.
Pourtant, j'étais sûr d'avoir entendu autre chose qu'un chant d'oiseau.
J'ai remis l'appareil photo dans son étui.
Je n'ai pas aimé le silence qui a suivi et suis revenu à la maison.
À peine rentré, le téléphone qui se met à sonner.
J'ai répondu.
Rien.
Même pas de tonalité.
J'ai raccroché.
Sauf qu'en même temps dehors, il faisait terriblement beau.
Pas de vent, aucun nuage et la neige au sol qui brillait.
Et moi qui étais en dedans à cause d'un crainte inexplicable
Mais qui m'empêchait malgré tout de me rendre à l'extérieur.
Je me suis finalement raisonné et suis retourné dehors.
Il faisait si beau. En plus, il y avait l'entrée de cour à pelleter.
Et voilà : il y avait l'entrée de cour à pelleter.
Parce que si rien à pelleter, au plus vite il aurait fallu rentrer.
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Tout cela pour dire que c'est elle la géante à la chevelure en bataille.
C'est elle que j'ai entendue plus tôt ce matin.
Elle me suit partout, telle une ombre et depuis si longtemps,
La géante qui un jour m'a dit que je devais rester petit.
Que je peine à m'en séparer.
Et pourtant, elle m'a tant nui.
Juste à y penser, j'entends sa voix.
Pour la repousser hors de ma vie, il me faudra affronter mes ombres.
Daniel verret