Tout comme les oiseaux,
Volent très haut
Souvent en solo.
Taper des mots,
Sans arrêt,
Tandis que tombent les lettres
Sur la page blanche de l’écran.
J’enfonce les touches
Pour qu'apparaissent les mots.
Je me lis
Alors que j’écris,
M’oblige à poursuivre
Moi qui ne cherche qu’à déguerpir d’ici.
Je tape, tape et tape
Des mots.
Mais je suis si vieux,
Tellement.
Le temps passe au présent alors que
Je suis plus au passé qu’au futur.
Je tape.
Je continue.
Je m’enfonce dans le brouhaha de l’inconvenance
Par l’entremise de propos qui ne mènent à rien.
Quand je m’abandonne,
Tout est tellement pareil d’une fois à l’autre.
Écrire des mots,
Seulement écrire sans penser.
Le temps passe.
Les lignes passent.
Écrire,
Des mots.
Un jour,
Alors que quoi,
Que rien pantoute,
Que je me morfondais,
C’est-à-dire alors que j’écrivais car,
Pour moi, écrire signifie perdre son temps.
C’est ce que ma raison me rappelle sans cesse.
C’est débile, hein?
Taper des lettres pour former des mots.
Le temps avance.
Je continue.
Je baille.
Écrire pour me tenir loin d’une vie laborieuse.
Je tape.
Je continue.
De toute façon, le travail répétitif me tue.
Je ne suis pas un travailleur manuel.
Mais en même temps, j’en suis un.
J’ai besoin de mes deux mains pour écrire
Et surtout de mes dix doigts
Qui vont où ils doivent aller.
Je tape, j’écris ce que je considère être de la
Poésie.
Sans que ce n’en soit.
Bizarre pareil cette façon de voir l’écriture à l’écran.
Je tape des mots à l’aide de mes deux mains.
Je suis ambidextre
Quand j’écris, tape à l’ordi.
Et « Je tape » parce que j’ai appris à taper sur une machine à écrire.
Qu’importe! Je tape sans vraiment taper.
Je continue,
Poursuis,
Maintiens la cadence.
Mais, une fois de plus, je m’arrête.
Je souris,
J’entends le frigo.
Le ciel est gris.
Je suis où là?
Je n’arrête pas.
Je poursuis.
Je suis entraîné par un mouvement qui m’aspire vers le bas
Alors que la première ligne tapée touche presque au plafond.
De la gauche et de la droite, je tape
En tout temps, sans y penser.
Quant au trait vertical qui clignote, il s’accroche au bas de la feuille
En allant de gauche à droite et de droite à gauche
Tandis qu’une fois complétées les lignes tapées montent.
Tout cela crée un effet de mouvement vers le bas.
J’hésite quelques secondes,
Me remets à taper.
J’ai tout à coup l'impression de voir une flèche qui pointe vers le bas
Pour me signalier que je dois poursuivre,
Comme si je creusais un trou, un tunnel.
Je tape des mots.
Mais pourquoi?
Parce que je suis mots tapés.
Je viens d’où?
Qui suis-je?
Et enfin : qu’est-ce qu’une question?
C’est bizarre la vie.
Aujourd’hui, il pleuvra.
Mais bon sang,
Qu’est-ce que j’enverrai comme texte aujourd’hui?
Je n'ai plus le temps : ce sera ce qui précède.
nadagami