« Mes mots se sauvent. »
Dans le noir de la nuit,
Un cadre se dessine
Et à l’intérieur duquel
Je n’aperçois que les extrémités
De mes doigts qui,
À tour de rôle,
Enfoncent les touches d’un clavier.
Je me rendors.
Dehors,
Le soleil répand sa lumière
Du haut d’un ciel bleu immaculé.
La neige tombée au cours
Des deux derniers jours
Renvoie dans la vallée environnante
Une surabondance de clarté.
« Mes mots se sauvent. »
Se sauver :
Fuir, déguerpir,
Abandonner en toute hâte un lieu
Ou
Se porter secours (à soi-même) ?
« Mes mots se sauvent ».
Ils fuient en passant
Par le bout de mes doigts
Qui enfoncent les touches du clavier.
Dehors, les ombres,
Qu’on dirait solides mais translucides
Et qui sont accrochées aux bancs de neige,
Sont d’un bleu très pâle
Auquel se mêle une faible teinte de gris.
« Mes mots se sauvent. »
Au départ, ils sont en moi
Et en les tapant à l’écran
Où ils apparaissent,
Je découvre alors des mots qui se sont sauvés du lieu
Où ils étaient emprisonnés,
Soit en moi.
Ainsi mes mots se sont-ils sauvés d’un monde intérieur
Où, inutiles, ils étaient sans existence propre.
« Mes mots se sauvent ».
Dehors, la noirceur revient
Et les ombres bleu gris de se sauver.
nadagami