Alors qu’on est au volant,
Ou qu’on bêche le jardin,
On qu’on tond la pelouse,
Ou qu’on observe le ciel,
Ou qu’on boit un verre d’eau,
Ou qu’on regarde dans le vide et que tout s’embrouille,
Voilà donc que, tout à coup,
On se met à compter les années.
Là,
En ce moment,
On a les deux pieds dans le grand jardin potager.
Émerge de la terre, après un coup de bêche,
Un éclat du goulot d’une vieille bouteille en verre de liqueur verte.
(Parce qu’ici on dit « liqueur » plutôt que « boisson gazeuse ».)
On le ramasse et le glisse dans la poche droite avant de nos culottes.
Tout à coup,
Le chant délirant d’un oiseau
Qu’on croit être un roselin pourpré.
Il fait chaud.
Il y a de la bibitte.
On cherche à ne pas se laisser distraire.
Une fois de plus,
Tout à coup :
On se revoit vivant avec nos enfants;
Puis, on se revoit contraint de quitter la maison.
C’est la vie.
Pas très loin, un moteur à essence vrombit.
Tout à coup,
On ressent la fatigue.
On ralentit la cadence.
Voilà : pas le choix de se soumettre.
Il fait beau.
Tout à coup,
L’envie de manger une poutine.
Elle était excellente.
Nadagami