Acharnement

L'hiver s'acharne en dépit d'un printemps dont le 21 du mois en cours officialise l'arrivé. Alimenté par une froidure typique d'un mois de janvier, le vent malicieux, venu du nord et d'une remarquable ténacité, s'amuse en nous frigorifiant. Surmenée, notre indispensable impassibilité vacille et pour peu se transformerait en renfrognement. 

Si ce n'étaient de la durée des journées qui s'étire davantage à chaque coucher du soleil et des ombres qui d'un jour à l'autre rognent leur longueur, on se croirait au beau milieu de l'hiver. Quiconque ignore tout de notre coin de pays et qui ne connaît de l'hiver que ce que les livres lui ont appris jurerait dur comme fer que c'est l'hiver. Mais non! Le printemps est bel et bien arrivé : la neige fuit les toitures en pente; des glaçons de toutes les longueurs pendent ici et là; la neige à l'abri du vent et exposée au soleil se transforme en cristaux. 

Mais il n'empêche qu'encore ce matin tout est gelé bin dure. Le thermomètre indique 10 sous zéro. Difficile est-il de ne pas être à l'image de la température, d'être négatif. 

Il viendra, c'est certain. Mais sapristi que le printemps, aussi acharné dans ses enrageants atermoiements que l'hiver dans sa futile résistance, sait bien si prendre pour mieux se laisser désirer.