Couper les ponts;
Rompre les liens;
Voilà, c’est fini!
Depuis un hier insaisissable parce que trop lointain :
Aujourd’hui, on passe à autre chose.
On attend depuis plus de vingt ans.
Sauf que là, on n’en peut plus de la souffrance de l’attente.
Les jours fort nombreux ont passé depuis la cassure
Et le reste de ceux à venir continue de décroître,
Justement,
Pour grossir le nombre de jours passés.
Attendre
Que le temps fasse son oeuvre
Pour, paraît-il, que celui-ci
Puisse arranger les choses...
Ce n’est pas vrai. Pour ravaler, peut-être. Mais pour arranger?
En tout cas, pas selon ce qu’au départ on a souhaité.
Voilà quand même longtemps, on nous a habilement appris à être sage.
Tsé! Du genre de celui de celle qui ne demande jamais rien,
De celui de celle qui se contente de ce qu’on lui donne sans rechigner,
De celui de celle qui en vient à glorifier l’émancipation rachitique.
Sauf qu’est enfin établie la marque temporelle à partir de laquelle
On ravale une dernière fois avant de passer à autre chose.
On est d’une lenteur incommodante pour nous-même.
Mais quand on a peu
Et que c’est une partie de nous-même qu’on doit laisser derrière nous,
À l’exemple de l’érable qui à l’automne se départit de son feuillage :
On oublie que seules les feuilles tombent, pas l’arbre en entier.
D’être sans cesse ramener à un ordre relationnel qui nous désavantage,
On finit par oublier que toujours revient le printemps.
Journée d’automne à saveur printanière juste avant le début de l’hiver.
La neige, pour ce qu’il en reste, se transforme en eau fuyante.
Demain, il faudra bien reprendre là où (quand?) on s’est arrêté.
On a si longtemps attendu...
Tellement qu’on ne sait même plus, en fait, c’est quoi attendre.
Nadagami