Baignant dans une mer aérienne inerte de gouttelettes en suspension
Les feuilles des arbres, immobiles et encore accrochées, pendent
Au-dessus du sol mouillé recouvert par d’autres feuilles déjà tombées.
Tout est gris, diffus.
Les bruits sourds de la Rue se répercutent en longs vrombissements.
Journée de moiteur
Alors que le jour levant baigne dans l’humidité froide.
Soudain, entre deux mots, la voilà qui passe devant la maison,
Courant sans hâte,
Toujours en direction de Saint-Philémon,
La géante.
Hallucination momentanée,
Inattendue,
À peine déployée
Que déjà dissipée.
Digression d’un bref instant qui se fixe à la ligne d’une journée
Coincée entre un hier qui précède et un demain qui succède,
Sous un ciel ennuagé,
Alors que, jour de lavage, la laveuse lave le linge à laver.
Mais avant,
Là-bas,
Dehors,
Avant le retour à la maison,
Oui, là-bas, sur fond gris nuageux,
De chaque côté du noir de l’asphalte mouillé,
Le rouge, l’orange, le jaune, les verts, les bruns,
Lorsque croisés surexcitent l’oeil qui peine à fixer la route.
Décor automnal d’un avant-midi d’octobre pluvieux
Détroussé de ses racoleuses mais précaires couleurs.
Mais comme il ne fait pas encore zéro la nuit,
S’étire cette phase d’ostentation qui fait oublier le temps
Qui passe, passe et se transforme tels des mots
Que projettent à l’écran les touches enfoncées.
J’avance par là.
Et soudain, une autre fois, de revoir la géante,
Qui toujours court au milieu de la Rue,
Devenue route à la sortie du village.
Je la vois qui s’élance,
Toujours souriante,
Sans hâte mais aussi,
Sans jamais s’arrêter.
Une lettre, une autre apparue; une touche, une autre enfoncée :
Mes doigts courent sur les touches sans jamais s’arrêter.
nadagami