Les mots;
Dessiner des lettres;
Écrire.
Quoique s’abandonner à la rédaction
C’est, en quelque sorte, partir à l’aventure.
Mais si au moins, à un moment donné quelconque, on avait pu
Choisir.
En fait, choisi on n'a pas mais pas pantoute!
D’un autre côté, qui peut prétendre avoir vraiment eu le choix?
La vie,
Ce n’est que l’écoulement ininterrompu d’années jusqu’à ce qu’on plie :
Tout d’abord, ce sont celles, les années, qui ont été;
Ensuite, ce sont celles, toujours les années, qui seront.
On écrit sans trop savoir,
Pour nous maintenir à la jonction de ce qui a été et de ce qui sera :
Soit là où nous mènent nos mots,
De ce à quoi on se raccroche et qui nous raccroche.
Je ne fais qu’écrire,
Que regarder les mots naître...
Que regarder les mots n’être
Qu'en fonction de ce qu’ils ont à dire, à dévoiler, à capter du vide
Et accrochés par la suite qu’ils sont à une ligne
Sans que je ne sache vraiment d’où ils viennent,
Mais que je me sens, malgré tout, contraint
De fixer sur une feuille lignée
Et à l’aide d’un stylo,
Tenu prisonnier qu’est celui-ci à la jonction regroupée des extrémités
Du pouce, de l’index et du majeur
De ma main (dans mon cas) droite.
Puis voilà qu’il se met à pleuvoir, neiger, grésiller des mots
En cet instant même d’un instant qu’on a remis à plus tard,
De ce tard obligé qui aujourd’hui est.
Mais câline que, immanquablement et journalièrement, je me demande :
Pourquoi cé faire que je me sens obligé d’écrire parce que,
Tsé, han, au plus profond de ç’que chuis : « J’eul sé pas! »
Nadagami