Par contre, que ce soit oui ou que ce soit non, dehors,
Toujours l’hiver,
Et saison à laquelle, malgré tout, on en vient à s’habituer,
Saison aussi au cours de laquelle le froid
Traque la bête et l’oblige à se mettre à l’abri.
De l’autre côté de la vitre de la cuisine
Qui surplombe l’évier où nous attend la vaisselle à laver :
Les feuillus n’arborant que branches et troncs;
L’épaississement du couvert nuageux retenant les flocons tantôt largués;
L’absence totale d’un quelconque frémissement d’une branche effeuillée.
Et sans arrêt toujours succède à une seconde un vide intercalaire.
Là.
Être là.
Être rendu là.
En être rendu là.
Et tout à coup s’accroche à la page un triangle,
Dessiné à l’aide de mots,
Qu’on croit fixe
Mais que chaque nouvelle ligne à écrire repoussera plus loin.
Parce qu’écrire engendre un mouvement.
Ainsi donc toujours notre esprit s’éloigne de la dernière ligne écrite
Tout en se rapprochant de celle à venir,
Qui, toutefois, jamais n’existe.
Jamais.
Derrière,
Une traînée de mots.
Devant, l'insaisissable espace intercalaire de la ligne à venir.
Février tire à sa fin.
Le soir venu,
La lumière du jour tarde toujours davantage à quitter la cuisine.
Chaque matin qui suit, sans arrêt un peu plus tôt elle s’y glisse.
Mais il en reste encore à écouler de ces jours d’hiver froid et neigeux.
Bientôt les sucres par contre.
Les versants montagneux s’effacent.
La neige a recommencé à tomber sur le village.
Nadagami