Il en faut.
La rue, ce matin, de l'intérieur, est silencieuse. Portes et fenêtres de la maison fermées.
Journée de pluie, matin de septembre, feuilles oranges des érables à sucre plus apparentes, vitres des fenêtres recouvertes de gouttes de pluie figées, au loin montagnes brumeuses, brise légère imprégnée de grisaille.
Bouts des doigts reposant sur les touches du clavier.
Le jour, au ralenti, gris, emberlificoté dans un débordement d'humidité confondant jour et nuit, obligé se lève.
- Mais que fais-je ici ce matin? J'aurais tant apprécié une journée de sommeil étiré, d'oisiveté, de fainéantise.
Il est évident que, pour le jour, ce n'est pas un bon jour. Il aurait préféré un bon soir, une bonne nuit. Le jour aurait tant souhaité se pétrir de paresse, de lascivité onérique, d'état larvique dans le creux d'un lit.
Mais le jour est le jour. Il n'est pas la nuit.
Il n'est pas la nuit le jour, sauf qu'aujourd'hui il est bourré d'ennui.
Malgré tout, malgré lui, se lève, s'élève le jour, s'arrache de sa torpeur, accepte son sort, projette sa lumière tamisée, regarde la Terre comme s'il se regardait dans un miroir, et finit par se trouver beau.
Tout est gris aujourd'hui. Mais du temps gris il en faut.
Le jour est levé.
Rupture d'avec une nuit à tout jamais terminée.
La cuisine est silencieuse, la rue du village aussi, les doigts enfoncent les touches qu'on souhaitait au départ pareilles à la cuisine et à la rue du village.
Journée grise.
Il en faut.
Daniel verret