Le vrai,
Froid, pluvieux, gris, venteux, austère, frimassé le matin,
Bientôt neigeux,
Tranquillement,
Sans précipitation alors qu’il pleut dehors,
S’installe.
Tout partout, l’automne, le vrai, est :
Le matin en se levant, le soir en se couchant,
Le jour en mangeant en travaillant en lisant en faisant n’importe quoi,
La nuit en dormant.
Tout partout il est, et tout le temps vrai il est.
Les arbres, le ciel, la température, la couleur du temps
Alors qu’au bout des champs, le long des bois,
Tôt le matin parce que tard la levée du jour,
Comme à chaque automne, on aperçoit des chevreuils;
Les eaux brunes gonflées des affluents qui fuient les montagnes,
Le vent froid chargé d’humidité,
Les gouttes qui s’arrachent du bord des toitures,
Les nuages gris, bas, qui enveloppent la cime des montagnes
Et qui transparents laissent deviner le contour des collines et vallons;
Ou encore, contre les vitres extérieures
Le grésillement des gouttes de pluie poussées par le vent
Et qui une fois arrêtées dans leur course,
S’y collent
Saisies qu’elles sont par le froid :
Tout nous ramène à l’automne, le vrai,
Et qui, de sa présence, contamine les paysages.
Et même si ailleurs, en d’autres contrées ce n’est pas l’automne,
Ici, partout, partout, partout c’est l’automne.
Tout partout :
Le ciel ennuagé de grisailles froides,
Le flétrissement de la flore sauvage, les feuilles au sol,
Les devantures des maisons tantôt fleuries maintenant disparues,
La fumée qui s’échappe des cheminées,
Le vent, tenace, capricieux, qui souffle,
Les branches dénudées et agitées des arbres
Qui ajoutent à l’atmosphère lugubre,
Tout, partout, est automne,
Et automne vrai.
nadagami