Tout à coup,
Plus rien,
Que le silence.
On abhorrait le propos, le style, la portée des mots finalement rejetés.
C’est tout.
Donc, travail réduit, en quelques secondes,
En une boule de papier compressée
Et jetée par la suite sur la table
Où elle, toujours la boule, y trône en plein centre.
On reprend.
Le silence règne dans la maison.
De l’autre côté des vitres des fenêtres, la noirceur.
Vrombissements aussi de moteur (sans doute des jeunes).
Nous, on n’a pas connu ce temps...
Parce que c’était son char, le sien.
Il n’était qu’à lui.
À lui, de toute façon, le moins possible on pouvait demander.
Mais s’il le fallait absolument,
Il y avait les voisins pour une échelle, une tondeuse, un conseil.
Avec le temps, c’est devenu (ce fut longtemps ancré en nous) :
« Tout ce qui est humainement possible de désirer,
Seuls les autres peuvent y rêver. »
Faque pour nous,
Sont devenus trop source d’envies culpabilisantes
Les désirs, les rêves, les projets.
Ne nous restait donc que le plaisir assez peu élaboré
Qui consistait alors à regarder passer sans envie les journées.
Ainsi n’était-il possible d’apprécier que ce que nos yeux rencontraient
Et que déterminait le hasard de la vie.
C’était comme cela.
Puis un jour : « Tu vas-tu finir par te brancher? »
Ce qui revenait à dire : « Quand prévois-tu décrisser de la maison? »
Il aurait fallu répondre avant que la question ne nous soit posée.
Et un jour, on est parti, sans permis de conduire, parce que son char,
C’était le sien, que le sien et que sans son char, il n’était plus rien.
Nadagami