Les étendues vallonnées qu’enveloppe de son branchage la forêt mixte
Dégoulinent
De couleurs vertes.
Combien de verts?
Ah bin là!
C’est qu’ici on a affaire
À une multiplicité innombrable de bourgeons éclatés.
Combien de verts?
À partir du point le plus haut de Ville-Marie,
Du rang Ville-Marie
Alors qu’on vient de quitter la rue Principale,
Des verts sous nos yeux,
Il y en a tant qu’ils se mettent à danser quand on les fixe du regard.
Combien?
Nombre infini d’aiguilles vertes à l’année
Des pins, épinettes, sapins
Auxquelles,
Par un quelconque matin de printemps,
Comme celui d’aujourd’hui justement,
Se mêlent
Les verts des nouvelles feuilles impossibles à compter
Des érables, bouleaux, faux-trembles, cormiers, merisiers
Ainsi que les verts des feuilles des arbrisseaux et des fardoches,
Et qu’à ces derniers se transmettent les tons de vert des champs,
Ce vert jeune arraché de la terre humide
Et auquel se mêlent les jeux d’ombre et de lumière
Qui en même temps font vaciller les verts du couvert forestier,
Combien de verts?
Je ne peux pas les compter.
Devant,
L’étendue de verts va
Jusqu’au ciel mi-ennuagé mi-bleu
Qui s’élève au-dessus de la ligne d’horizon,
Alors qu’à force de fixer cette démarcation
Voilà qu’en-dessous
Se dessine
Une mer de verts
Que la proximité des différentes teintes
Fait frissonner.
Ce matin,
Des verts,
Combien?
Mais comment compter?
C’est parce qu’en regardant toute cette étendue de verts,
On ressent un élan
Qui nous emporte
Et qui fait en sorte que le dernier vert vu déjà n’est plus.
nadagami