Il est vrai aussi que j'ai l'impression d'avoir tout dit de ce lieu que j'habite. Quoi révéler maintenant qui pourrait surprendre tout en évitant de m'enfarger dans les redites?
Que le vent souffle? Je l'ai déjà dit. Que le printemps est arrivé? Je l'ai déjà signalé. Que la neige s'en est allée? Pour avoir à un point tel abordé le sujet de la neige il ne me reste de volonté que de l'oublier pour les quelques mois d'une absence en douce souhaitée.
Alors quoi dire au moyen du mot écrit?
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Le vent vente, le soleil ensoleille, les nuages ennuagent...
Tiens, ça sent l'orage. Pour vrai. Il me faut rentrer les plants de tomate...
Il était temps, une pluie diluvienne s'abat.
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L'après-midi s'est finalement achevé et la soirée, installée. La faim n'était pas au rendez-vous et je n'avais pas envie de rester dans la maison. Je suis sorti et ai ceinturé au moyen de pierres la partie arrière de la haie de cèdre. À cet endroit, le terrain est légèrement en pente et la rangée de pierres empêchera la terre de filer vers le bas.
J'entreprends le travail et soudain, la pluie. Non, je ne rentre pas. Je continue. La pluie n'est pas très forte. Je suis bien dehors. Les deux mains dans la terre boueuse, les pantalons mouillés, à quatre pattes dans le gazon détrempé, je place les pierres les unes après les autres avec toujours l'idée d'arrêter, ce que je ne fais finalement qu'une fois le travail complété.
Puis voilà le soleil qui sort des nuages. Je ramasse les outils, me lave les mains et vais chercher l'appareil photo.
« Il est vrai aussi que j'ai la sensation d'avoir tout dit de ce lieu que j'habite. Quoi révéler maintenant qui pourrait surprendre
tout en évitant de m'enfarger dans les redites? »
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J'ai levé les yeux, regardé le ciel, vu le clocher et plutôt que d'écrire pour décrire, j'ai photographié.
Daniel verret