16h30. Les paupières lourdes, les deux mains sur le clavier, je résiste à la tentation d'une détente en cette fin d'après-midi.
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Je suis allé voir le fleuve ce matin : tout d'abord depuis les hauteurs de Beaumont, pour m'assurer de sa plusieurs fois millénaires présence entre les deux rives et pour ensuite, une fois parvenu à Saint-Michel, m'y tremper les sens à partir du haut du quai de roches de la marina.
Sur le bord du fleuve, le vent soufflait fort. Le ciel d'une hégémonique étendue s'était paré d'un bleu pastel sec annonciateur d'une journée, au contraire de celle prévue, sans pluie. La température matinale froide des hauts de Bellechasse avait fait place à une chaleur redevenue le temps du déplacement estivale. En silence, la marée descendait. Terreuses, très basses, les eaux quelque peu saumâtres à cette hauteur du Saint-Laurent fuyaient vers la mer.
Parvenu au bout du quai, à l'est, j'ai vu la ligne de la mer à partir de laquelle, du temps de la Terre plate, c'était le vide et à l'ouest, les tours à bureaux de la ville. J'ai regardé une seconde fois vers l'est pour voir le fleuve qui s'ouvrait de plus en plus large; j'ai vu aussi, mais cette fois à l'ouest, le fleuve qui ramenait ses rives en son centre pour devenir rivière.
Détail de deux chiâleux : nous n'étions que deux, sous un ciel radieux, assis près du fleuve aux reflets vaseux qui coulait comme toujours silencieux.
Puis, il nous a fallu revenir. On s'est arrêté à un casse-croûte. Ensuite après s'être essuyé le bec, on est reparti sans oublier les fraises à Saint-Charles et le plein d'essence à Saint-Gervais. De retour à la maison et une fois la voiture garée, on a taillé le restant des branches mortes du cèdre qui a vraiment souffert du temps exécrable du dernier hiver et ensuite, terminé l'installation du filet de protection des plants de bleuet.
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Tantôt, il était 16h00 et j'avais les paupières lourdes. On dirait bien qu'elles ont maigri.
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Daniel verret