Aux lignes invisibles de la page.
La précipitation est constante.
Naissent dépourvus de toute garantie de survie,
L’un après l’autre,
Les mots.
Ici et là sans trop en principe nous malmener
(Quoiqu’à leur lecture à un possible bouleversement on s’expose),
Les lettres flocons
Qui donnent corps aux présents mots,
Bien que d’une légèreté quasi insaisissable,
Peuvent à un moment quelconque
Nous envahir de la valeur intrinsèque de leur signification,
Ensuite nous paralyser et après,
Nous priver de toute possibilité de rétroaction :
En somme, les lettres flocons nous contraignent à voir.
Que faire alors?
Bin... on attend que ça passe.
Du couvert nuageux brumeux neigeux s’échappent encore les flocons
Qui composeront la suite finale des présents mots :
Fins points fuyants blancs en chute libre
Se métamorphosant en lettres écrites
Qui,
Plus tard après leur fixation à une feuille lignée,
Seront tout d’abord tapés pour ensuite être
Lus, lus et nécessairement rerelus pour fin de polissage.
Tout doucement et à l’insu de la conscience,
Se glissent entre les lettres des mots d’autres flocons
Depuis la grisaille nuageuse d’une fin d’après-midi
Du mois de décembre naissant.
Continuent donc à transpercer la pénombre ambiante les flocons
Et à se fixer à la feuille les lettres de mots en devenir.
Avalé par le couvert nuageux, le versant montagneux n’est plus.
Les lumières colorées noëlleuses bordent ici et là la rue Principale.
Se font plus nombreux les clients à l’épicerie.
La neige n’a de cesse de s’accumuler sur les toitures.
Nadagami