Que valent tous ces mots alignés qui sont miens?
Ché-tu, moué?
En fait, s’tu vraiment moué qui écris?
Enfoncer les touches d’un clavier et voir apparaître les mots...
Il n’y a pas de doute : c’est bien moi qui tape.
Par contre demeurent insaisissables
L'élan de départ, le désir initial, la poussée incitative.
Souvent, le matin, on se lève parce qu’on doit écrire
Afin que se taise cette voix qui ne cesse de chuchoter.
Le vent, qu’on croit absent, qu’on dit absent, toujours est :
L’absence de sa présence confirme la présence de son absence.
« Je tape des mots... »
Alors que le vent souffle.
« Mes mots atterrissent sur la feuille... »
Après avoir été saisis au vol par mes doigts.
Oui, peut-être bien, mais tous ces mots, d’où viennent-ils?
D’après moi, n’étant qu’amoncellement de cellules,
Chuis en prison.
On est tous prisonniers d’une raison d’être.
On se lève et pas le choix,
On enfonce des touches.
Pourquoi?
Parce qu’il le faut.
Et qu’avons-nous donc de si important à dire?
D’important?
Non.
Il faut juste qu’on exprime, dévoile, répande au moyen du mot tapé.
Nos mots :
Chacun de nos mots ne vaut pas plus
Que chacune de ces innombrables fleurs sauvages
Qui enjolivent les fossets longeant les routes.
L’été achevant, le pommier échappe ses pommes.
Il décide quoi le pommier :
De donner ses pommes?
Bin non! Il les échappe.
Nadagami