Dix heures.
Dehors, la tempête s'estompe.
Mais toujours tombe la neige alors que
Souffle un vent léger accompagné d'inoffensifs tourbillons de neige.

Il est tombé au moins une trentaine de centimètres.
Les skieurs seront heureux.
J'ai fait le tour de la cour arrière.
À certains endroits, j'avais de la neige jusqu'au haut des cuisses.

Pas de bibitte.
Une belle neige sèche.
Un vent qui n'arrache pas.
Et un froid qu'on ne ressent plus après trois quatre coups de pelle.
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Bon bin, c'est comme ça.
On avance, on recule, on ne sait pas trop trop le temps que ça prendra mais,
On continue; on avance même si parfois on croit faire du surplace.
P'is rendu au bout on se dira : « Tiens donc! b'in la job est faite. »

Parce que pelleter à l'aide d'une pelle-traîneau,
C'est avancer et reculer.
Et aujourd'hui, on a avancé et reculé en mautadit.
Mais au moins, plus on reculait plus la job avançait.

0o o0

Il est seize heures et la neige n'a pas cessé de tomber.
Présentement, c'est la Gaspésie qui y goûte.
Panne de courant en plus.
Bon courage les Gaspésiens.
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Le temps passe.
Et plus le temps passe, plus il nous rattrape.
Tellement qu'hier
Je croyais qu'on était aujourd'hui.

Et aujourd'hui,
Demain.
Demain?
Ché pas ce que sera demain puisqu'on est aujourd'hui.

Il est vrai qu'aujourd'hui était demain hier.
Et qu'hier sera aujourd'hui demain.
Entéka!
Plus le temps passe, plus il me rattrape et plus chus mêlé.


Daniel verret

La tempête annoncée se lève.
Le vent souffle.
La neige tombe.
Derrière la maison s'est évanoui le mur de montagnes.

On s'encabane.
Pas le choix.
--0--
De la neige s'accumule sur mes paupières
Que je peine à garder ouvertes.

J'ai l'impression que le vent qui descend des montagnes disparues
Me vide de mon énergie.
La maison est chaude; peut-être un peu trop,
Mais pas assez pour faire fondre la neige sur mes paupières.
.
¯||¯
¯¯
J'ai finalement réussi à faire fondre la neige que retenaient mes cils.
Il était temps.
Une tempête d'images incongrues faisait rage dans ma tête qui,
Penchée vers l'avant, s'approchait dangereusement de l'écran.

J'ai même effacé des bouts de phrase sans m'en rendre compte
Tellement le poids de la neige sur mes paupières était important.
--0--
La tempête, celle à l'extérieur, se poursuit.
On a déjà vu pire.

On voit distinctement et jusqu'à très loin,
Au-travers de la neige qui tombe,
Le halo des lampadaires qui bordent la rue.
La tempête est encore jeune.
__
.
¯||¯

La tempête s'en est allée.
Du vent, de la neige, mais pas de panne de courant.
Ici finalement, rien de tragique. Une tempête comme les autres.
Par contre, à Québec et dans le coin de la Gaspésie, on y aurait goûté.
--0--
C'est l'hiver.
Avec ses tempêtes.
Et notre dépendance vis-à-vis de l'électricité
Qui refait surface chaque fois que survient une panne.

D'un autre côté, quand l'électricité vient à manquer,
On n'a pas le choix de ralentir.
On revient à l'essentiel.
Comme là, alors qu'il faut aller pelleter.


​Daniel verret

Hier,
On a déboulé depuis le village jusqu'au fleuve.
En char.
Pour aller jouer aux cartes.

Pour aussi aller magasiner.
Parce que, oui, à un moment donné, il faut aller en ville.
L'épicerie du village, un dépanneur pour les gens de la ville,
C'est juste une épicerie et en plus, de village.

Faque...
C'est ça.
On est descendu en ville
Parce qu'il y a la ville aussi.

​-- --

La ville, les autos, les commerces, les autos, les maisons,
Les autos, les restos, les autos, les pharmacies, les autos
Les épiceries, les autos, les concessionnaires automobiles,
Les autos, les stations-service, les autos, les rues.

La ville, c'est l'auto.
Partout.
C'est une nécessité.
La ville serait tellement différente sans l'auto.

Un peu comme elle l'était avant.
Avec un centre-ville.
Mais aujourd'hui, elle est éclatée.
Et d'apparence si éphémère.

-- --

Tout change tellement vite.
Tout pousse tellement vite.
Tout est démoli tellement vite
Tout est rebâti tellement vite.

Mais toujours à l'intérieur des mêmes quadrilatères.
Avec des autos qui roulent sur les mêmes rues.
Revenir vivre en ville?
Y retourner pour la bouffe, les restos, oui.

Mais revenir vivre en ville?
La route Saint-Antonin, le rang Ville-Marie me manqueraient tellement.
Retourner en ville et tout recommencer à zéro, à mon âge?
On y repensera demain. Dehors, la tempête se lève.


Daniel verret

Neige qui fond.
Ruisseau qui déborde.
Vent d'ouest qui fouette.
Brouillard de neige qui obscurcit.

Je m'en allais par là,
Par la route Saint-Antonin,
Quand soudain le vent se leva et me frappa de son invisibilité
Au point de me sentir obligé de me dire : « Bin coudonc! i' vente. »

N'écoutant alors que mon courage,
Je me suis dressé face à cette force qui cherchait à m'arrêter.
Qu'on mette un frein à mon élan, il n'en était pas question.
Je n'avais qu'une idée en tête : aller aussi loin que je le désirais.

./_¯..¯_\.
\_|.|_/

Bon, j'exagère un peu.
Il ne ventait pas tant que cela.
Oui, un bon vent.
Mais quand même, rien pour écrire à sa mère.

Redonc, il ventait.
Il neigeait aussi.
Le soleil, lui, n'en parlons pas.
Quant au froid, dans le boutte de zéro, on était bien.

Finalement, ce n'était pas pire pantoute.
Oui, le vent nous ralentissait alors qu'on longeait les champs
Mais une fois la route bordée d'arbres, c'était très confortable.
En fait, on ne ressentait pratiquement pas le vent.

./_¯..¯_\.
\_|.|_/

Donc, j'ai parcouru la distance qui sépare le rang Ville-Marie
Du pont Croche, en suis revenu, ai bravé le vent par petits bouttes,
Ai remarqué que l'eau du fosset débordait et fuyait de l'autre côté,
Ai marché pendant un peu plus d'une heure environ.

On a vu que le ciel était très changeant.
On a vu du bleu du ciel, on a vu les montagnes au sud,
On a vu aussi disparaître les montagnes derrière un brouillard de neige,
Et on a vu le long de la route des pistes de chevreuil.

On est finalement revenus à la maison.
Il tombait une neige légère.
Le vent avait beaucoup diminué en intensité.
Quelques coups de pelle à neige ici et là puis, je suis rentré. 


Daniel verret
​

Le ciel est farci de grisailleries nuageuses compactes.
Tantôt, il neigera.
Malheureusement, cette nouvelle bordée de neige sera suivie de pluie.
 Faut faire avec mais, de cette pluie on se passerait volontiers.

o _ o
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o ¯ o

Dehors, continuellement devant les yeux un écran de télé géant
Circulaire coiffé d'un dôme.
Le téléspectateur, toujours au centre,
Regarde autant qu'il participe
​

o _ o
o | |o| | o
o ¯ o

Il a plu au cours de la nuit.
Ce matin, temps misérable.
De la neige pesante gorgée d'eau.
​Le temps est doux mais de la pluie en hiver, c'est du désespoir.


​Daniel verret

Fait beau.
Ciel bleu.
​Temps frais, moins huit.
Soleil radieux et, à l'abri du vent, chaud.

-- --

En fin d'avant-midi, sur le bord de la rue, quelques maisons plus haut,
Une femelle pic mineur pas farouche pour deux sous
Agrippée au tronc d'un érable
Alors qu'elle le pilonne de son bec pointu.

-- --

Le ciel demeure sans nuage.
La présence du soleil dans le ciel procure un grand soulagement.
L'astre, période de l'année oblige, se couchera tôt.
Pour ce qui est de la durée du jour, c'est reparti dans l'autre sens.

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Splendide journée.
Le froid est sec.
Le vent, presque absent.
La neige, étincellante.

Au loin, du fond de la cour arrière, sur la neige amoncellée
On peut apercevoir les Laurentides.
Un peu à droite juste derrière nous, blanc, détaché des autres sommets,
Le mont du Midi.

-- --

La journée achève. À l'ouest, le ciel passe au jaune.
À l'est, les gris foncent et se confondent.
Nous plongeons dans la noirceur,
Dans le noir des heures.

/\
< - - >
\/

Ici et là,
Allez-y si
Là et ici
Sont ici et là.

Toutefois,
Deux négations
Dans : 
Il ne « n'est je » pas.

« N'est je »
Ne neige pas.
Dans ce cas,
Qu'est « il » ?


Daniel verret

Il neige.
Il n'est je.
Alors, si « il » n'est « je »,
« Je » ne peut neiger.

Peut?
Oui, car ici je
Est
Il.

Oui
Mais
Je n'est pas il :
« Il n'est je. »

-- --

Effectivement,
Je
N'est pas
Il.

Mais je est il
Quand je ne peut pas être il.
Je ne peut neiger :
Ici, je est il car il, c'est-à-dire je, ne peut neiger.

Il peut neiger.
Je ne peut neiger.
Comme le voisin d'à côté ne peut neiger.
Je ici a une existence qui lui est propre et qui n'est pas moi.

-- --

Question :
Le je de « Je ne peut neiger »
Peut-il être moi?
Oui.

Quand
Il, le je,
n'est pas
Il.

Oui mais ici il l'est sans l'être.
Exact.
Car pour être il
Le je ne doit pas l'être.

-- --

Joyeux
Noël
Quand
​Même.


Daniel verret

Dehors, le temps est doux.
Doux est le temps en d'dans.
Les heures passent.
Passe les heures.

Comme on passe les bonbons, les chocolats quand il y a de la visite?
Passe les heures.
Voulez-vous une heure matante?
Et vous mononcle, en prendrez-vous deux?

Passe passe le temps.
Passe passe les heures.
Le temps passe
À la même vitesse que les heures.

-- --

Dehors, le temps est doux.
Les branches des épinettes et des sapins sont chargées de neige.
Il a beaucoup neigé.
Il a peu venté.

Là-bas, marchant dans la neige, il y a le bonhomme aux questions
Qui, un jour, comme ça, entre deux questions,
S'est posé celle-ci :
Qu'est-ce qu'une question?

Au bout d'un certain temps, 
En s'en imprégnant pour mieux y répondre,
Le bonhomme aux questions a finalement pris la décision de
Ne pas répondre à la question.

-- --

Dehors, le temps qui passe est doux.
Une question à laquelle on a répondu s'éteint.
Elle est devenue réponse.
Donc pour que demeure une question, on n'y répond pas.

J'ai une question pour vous.
Oui.
Qu'est-ce qu'une question?
Si on y répond, la fin qui précède le début.

Et si on n'y répond pas?
Le début de la fin.
En somme, là où les deux rives se rapprochent.
Entre les deux, le fleuve et son énergie : le courant.


Daniel verret

C'est l'hiver.
Un jour, ç't'un gars qui demande à un autre gars :
Sais-tu c'est quoi un i vert?
L'autre gars est parti sans répondre.

-- --

Faque les montagnes sont blanches.
Il neige tous les jours.
Un peu mais, tous les jours.
C'est beau.

La neige, c'est différent de la pluie.
Parce que lorsqu'il pleut, il faut se mettre à l'abri.
Mais quand il neige, la neige étant de l'eau sèche et dure,
Bin la neige te glisse dessus comme l'eau sur le dos d'un canard.

Bin oui! c'est plus frette mais au moins tu peux rester dehors.


-- --

L'autre gars parti sans répondre décide de revenir sur ses pas.
Il revient parce qu'il a envie de revenir.
Une fois qu'il a rejoint le gars qui lui a demandé ce qu'est un i vert,
Il lui pose à son tour une question :

Sais-tu comment les gens réagissent quand tu poses une question aussi Insignifiante que celle que tu m'as posée t'à l'heure?
Oui. T'en es le plus bel exemple.
L'autre gars revenu sur ses pas de rétorquer : Tu voulais que je parte?

Non! je voulais que tu reviennes.
Mais si je n'étais pas revenu?
Tu es revenu.
La question ne se pose pas.

P'is, c'est quoi un i vert?
Gna! gna! c'est une saison.
Pantoute! c'est un univers.
Hein! de que cé?

Un hiver et
Un i vert égalent
Univers :
Unhiver ou univert = u-ni-vers.

-- --

Je tape des mots sans trop savoir ce que j'en conserverai.
Un jour, comme ça alors que quoi, ce que je faisais je ne m'en souviens pas, ce jour donc alors que je ne faisais sans doute rien, je me suis convaincu qu'il était bon que je ne fasse rien.

Sauf que pour me convaincre de ne rien faire j'ai dû me convaincre et donc, puisque j'avais la tâche de me convaincre,
J'ai dû accepter l'inéluctable réalité
Que je faisais quelque chose puisque je devais me convaincre.

J'ai donc continué à écrire, à enfoncer du bout des doigts les touches Du clavier, à regarder les lettres apparaître à l'écran.
Le rapport? 
D'aucuns prétendent qu'écrire ce n'est rien faire.

-- --

Un jour, ç't'un flocon qui dit à son ami nuage :
Laisse-moi pas tomber.
Et le nuage de lui répondre :
J'ai pas le choix.


Daniel verret

Un jour, je l'ai vue.
Elle était tout en haut d'une montée.
C'était le matin, le soleil se levait.
Le ciel, créyez-le ou pas, était bleu et en haut au-dessus de ma tête.

Donc ce jour-là, je m'en souviens très bien,
Je l'ai vue.
Il faisait si beau. Tellement qu'il s'est mis à pleuvoir
Des p'tites traînées de soleil qui dansaient juste au-dessus du sol.

Et évidemment que je m'en allais par là.
Tsé, par là...
Non?
Bin là! Par là cé par là. Entéka! un m'ment d'né p't-être...

*

Faque je l'ai vue.
Elle était si belle.
Si mignonne.
Si imperceptible parmi toutes les autres.

Oui, si imperceptible.
Pour la voir, il faut prendre le temps de regarder,
De bien tout regarder.
Puis, cette journée-là, j'ai bien regardé et je l'ai vue.

S'tu fais là toué?
Que je lui ai demandé.
Et elle de me répondre :
Mêle-toué don' d'tés affaires!

*

Donc, ç'te journée-là,
È'tait là,
J'étais là,
P'is j'm'en allais par là.

Ç't'arrivé de même.
Ouais!
De même.
J'm'y attendais pas pantoute.

C'en est une parmi tant d'autres.
Si on prend pas le temps d'l'argarder,
On la voit pas.
Mais yé vrai que juste avant d'l'armarquer, à s'était dévirée.


Daniel verret