​J’écris
Et crie
Dans le bruit
Du silence.
 
Tombe
Sur la page
Le son tu
Des mots.
 
Dehors
Le bruit,
À l’intérieur,
Le fruit
 
Du silence.
Et soudain
De me souvenir
De cette journée
 
De pluie
D’un passé
Lointain
Et au cours
 
De laquelle
Mon coeur
Échappait
Depuis
 
Tôt le matin
Des larmes
Sèches.
Je me sentais bien,
 
Même si dehors
Il pleuvait,
Même si en d’dans
Je pleurais.
 
Mes larmes
Tombaient
Sur une feuille
De papier.
 
En les touchant
De mon regard,
Elles se transformaient
En mots
 
Silencieux
Que je percevais.
Un crayon
Est apparu
 
Entre mes doigts.
Je me suis
Penché
Au-dessus
 
De la feuille.
Puis, j’ai entendu
Les cris
De l’écrit.
 
 
nadagami

​Du haut
De Saint-Roch.
En revenant
De Sainte-Claire.
 
Juste avant
D’entreprendre
La descente
De la côte,
 
Du haut
Du platain
Bordé
De champs,
 
On aperçoit
Plus bas
La route
Qui traverse
 
Le village
En direction
De Saint-Philémon.
Hier par contre,
 
Je suis
Peut-être
Passé
Trop vite.
 
La nuit dernière,
J’y ai rêvé.
Dans mon rêve,
J’étais
 
Tout énervé.
Je me sentais
Obligé
De me dépêcher
 
Parce qu’on allait
Fermer Saint-Roch
Pour y effectuer
Différents travaux
 
Alors que de mon côté,
Je devais
Me rendre
Au village
 
Pour y livrer
Du courrier.
Il fallait
Donc que je me grouille.
 
Mais fallait-il
Vraiment
Que je me dépêche
Autant?
 
Si dans mon rêve Saint-Roch
Avait été fermé avant que je ne l’atteigne,
J’aurais pu emprunter
Ville-Marie.
 
Il est vrai
Qu’hier,
En revenant de Saint-Claire,
Je n’ai fait que descendre
 
La côte
En voiture.
J’ai regardé
Le paysage
 
Mais sans
Vraiment
Le regarder.
J’allais beaucoup trop vite.
 
La voie
Était
Libre.
Je pouvais
 
Prendre
Tout mon temps.
Sauf qu’hier,
Alors que je roulais
 
Sur la route,
J’étais ailleurs.
Il fallait
Que je me dépêche,
 
Exactement
Comme
J’y ai
Rêvé.
 
Pourtant,
Il n’y avait rien qui pressait.
Et j’ai manqué
Le meilleur de ma sortie.
 
 
nadagami

​De la pluie
Sous un ciel gris.
Un peu,
Juste pour dire
 
Qu’il en tombe.
De la pluie
Sur l’herbe jaunie.
Un peu.
 
En fait,
Il faudrait
Qu’il en tombe plus.
Beaucoup plus.
 
Des corneilles
Croassent.
Tournent
Les éoliennes.
 
De la pluie...
J’l’ai-tu dit
Qu'il n’en est vraiment pas
Assez
 
Tombé?
Le ciel
Reste
Gris.
 
Le vent
Souffle
Du sud.
Je tape.
 
Le ciel
Est ennuagé.
Tantôt,
L’épicerie.
 
Dehors,
La pluie.
J’enfile
Mes bottes
 
De robeur.
De robeur?
De caoutchouc.
Elles sont
 
Enfilées.
Faudra-t-il
Toujours
Cacher
 
Nos mots?
Robeur :
De rubber.
Mais bon,
 
On dira :
Bottes de caoutchouc.
Pourtant,
Le mot bécosse est accepté.
 
Toujours est-il
Qu’il ne pleut
Vraiment pas
Beaucoup...

​... Et voilà
Le soleil
Qui
Perce le couvert nuageux.
 
Je suis
Parti
Faire le tour
De la cour.
 
 
nadagami

​Entendu hier :
« Ça fait une secousse
Que je n’y suis pas allé ».
Une secousse : une assez longue période de temps.
 
- --- -
 
Le jour
Se lève.
L’omniprésente
Ombre grise
 
Qui tapisse
Le sol
Enserre
Les bandes jaunes
 
Croissantes
Que dessine
Sur le sol
Le soleil en pleine ascension.
 
- --- -
 
Quelques
Mots,
Quelques
Riens.
 
Mais rien
De mieux
Que
Quelques mots.
 
- --- -
 
Un vide
Qui nous râpe les boyaux,
Qui alimente la tristesse,
Qui nous lie à un constat d’échec,
 
Qu’on cherche
À repousser
Mais qu’on finit par accepter
Si on veut finir par se relever.
 
- --- -
 
Le jour
Se lève.
T’as vu le gros arbre,
Là,
 
Droit devant?
Oui,
Évidemment.
Il est tellement gros.
 
T’as vu
Toutes les petites fleurs,
Toute la variété de plantes,
Tous les oiseaux,
 
Tous les autres arbres plus petits qui l’entourent?
Non.
Je ne vois que la grosseur
Du gros arbre.
 
- --- -
 
Le jour
Se lève.
Voilà, c’est fait :
Il a avalé en entier l’ombre grise qui recouvrait le sol.
 
 
nadagami

​Dehors,
Le soleil,
Le bleu du ciel,
Les verts :
 
Des arbres,
Des montagnes,
Des champs,
De la pelouse de la cour arrière.
 
Puis
Soudain,
Un mot
Entendu
 
Voilà longtemps
Qui remonte,
Revient,
Que ma mémoire
 
Enfonce
Dans ma conscience
Et mot dont la remémoration est si chargée
De doute :
 
Mélangeage.
Je doute.
S’tu un bon mot?
En fait
 
Et pour être encore plus direct :
S’tu un mot?
Je cherche.
Il existe
 
Mais avec une acception
Contemporaine
Qui m’était
Jusqu’à ce que j’en prenne connaissance
 
Inconnue.
Qu’importe...
 Oups!
Un peu plus et j’oubliais :
 
Il y a une brassée de blanc
Dans la laveuse.
Voilà!
Le tout
 
Tambourine
Dans la sécheuse.
Mélangeage.
Et le doute
 
À nouveau
De surgir,
De me sauter
À la gorge
 
Pour que je m’empêche,
Moi-même,
D’user de ce mot.
Je fouille
Un peu plus.
 
On remonte
Dans le temps
Par la voie
De recueils
 
De mots
Du terroir.
J’entends aussi
La voix
 
Gênée
De mon père,
Une voix
Pleine
 
De doutes.
Dehors,
La lumière
Inonde
 
La cour.
Tout
Y
Est si calme.
 
Aucune feuille
Ne bouge.
Aucune?
Eee…
 
Quelques-unes
Font à leur tête.
Seulement
Quelques-unes.
 
Les autres?
Non, elles ne bougent pas.
Bon!
Je m’en vais faire
 
Le tour
De la cour
Toutte
D’un boutte.
 
Et ces quelques
Vers
De former
Un drôle (bizarre) de mélangeage.
 
 
nadagami

​Dehors
Est
Instable
Le temps gris.
 
Les feuilles
Au bout
Des branches
Frissonnent.
 
Tantôt
Il a plu,
Tantôt
Il pleuvra.
 
Entre
Les deux,
Une percée
De soleil
 
Qui fait
Cligner
De l’oeil
Le ciel.
 
Le vent,
Ce matin
Léger,
S’intensifie
 
En début
D’après-midi.
En même temps
S’élève
 
Le couvert
Nuageux.
Quant
À la pluie,
 
Le vent
Semble
L’avoir repoussée
Au loin.
 
Par contre,
Avec le soleil
Maintenant
Dissimulé
 
Derrière
Les nuages
S’est évanouie
La chaleur.
 
Le vent
Toujours du nord
Et plus soutenu
Fait grelotter.
 
On a allumé
Le poêle à bois.
Il a fallu
Rentrer les jardinières
 
Tellement
Il ventait.
À St-Évariste-de-Forsyth.
Il a grêlé. 
 
nadagami

​Taper
Quelques mots,
Seulement
Quelques mots,
 
Juste assez
Pour décoller.
Le ciel est gris,
Le vent, absent.
 
Une voiture monte ou descend la Rue.
Gris est le ciel,
Absent, le vent.
La voiture, la Rue, elle la monte ou la descend?
 
Je ne parviens pas à le déterminer
Juste par le vrombissement
Du moteur
De la voiture.
 
Puis une fois l’auto passée,
Le silence
Qui se met à gueuler.
Je n’entends que lui
 
Alors qu’aucun autre véhicule
Ne monte
Ni ne descend
La Rue qui,
 
Autant que les véhicules qui l’empruntent,
Monte et descend.
Le gris est ciel,
L’absence, vent,
 
Le silence,
Partout et si bruyant.
En fait, je n’entends
Que lui
 
Et tellement
Qu’il devient insupportable
Jusqu’à ce qu’enfin le vent
Se lève.
 
Au même moment,
Le ciel ennuagé devient miroir
Et la Rue d’apparaître au-dessus des têtes.
Une auto passe.
 
En levant les yeux,
J’aperçois une voiture qui descend la Rue.
Une fois le véhicule disparu au bout de la Rue,
Le vent cesse de souffler.
 
Tout redevient silence.
Quant à la Rue,
La voilà
Qui prend conscience
 
Qu’elle est voie,
Qu’elle est lien,
Qu’elle est distance
Et que partout elle mène.
 
Le ciel est gris,
Le vent, légère brise,
La Rue, silencieuse.
Je m’en vais dehors.
 
 
nadagami  

Il tombe
Sur le sol
Une invisible
Lumière
 
Alors que
Se côtoient
Sur les flancs
De montagne
 
Les verts
Nombreux.
Au-dessus,
Le ciel
 
Avec son impossible bleuité accolée
Aux verts des flancs de montagne
Bleuit
La coupole
 
Que cherchent
À recouvrir
Les nuages
Qui tantôt
 
Échapperont
Une pluie
Qu'on ne peut en ce moment qu'imaginer.
Plus bas,
 
Beaucoup plus bas,
Au pied
Des arbres,
Des arbustes
 
Et des arbrisseaux,
Les ombres translucides
Foncent
Le sol
 
Et créent
De nouveaux
Verts.
Il est tôt.
 
Le village
Répand
Son invisible
Tranquillité.
 
J’adore.
Ici,
Quelques branches et feuilles,
Là,
 
Uniquement quelques feuilles,
Se meuvent
Dans l’invisibilité
De l’air
 
Transpercé
Par l’invisible
Lumière.
Face
 
À l’écran,
Pieds nus,
Je tape
Alors que le temps,
 
Invisible,
Regarde
L’air
Et la lumière
 
Sans les voir.
Ce matin,
Comme ça,
Et pourquoi pas,
 
J’ai un goût
De vide,
D’absence,
D’invisibilité,
 
D’être rien
Et non pas
De n’être rien.
Mais bon,
 
On s’en tape un peu.
Il fait beau
Et c’est le début de l’été
Avec ses invisibilités.
 
 
nadagami

​Encore une magnifique journée
Au cours de laquelle il a fait,
On l’aura deviné,
Magnifiquement beau.
 
Et longtemps il a fait beau
En cette journée
Au temps d’ensoleillement
Le plus long de l’année
 
Et
Qui s’achève
Dans un ciel
Sans nuages,
 
Bleu donc,
Exempt d’humidité
Qui,
Tout à l’heure,
 
Nous permettait
De voir au loin,
Depuis la Rue,
Quelques sommets
 
Très bien définis
De la chaîne
De montagnes
Des Laurentides.
 
- --- -
 
Une très,
Mais très
Faible brise
Agite
 
Ici et là
Quelques feuilles
De quelques branches
De quelques arbres
 
Et sans bien entendu que ne soient agitées
Toutes les feuilles
De toutes les branches
De tous les arbres.
 
- --- -
 
J’ai découvert
Dans la cour arrière
Ce matin
Des gesses palustres.
 
Pourtant,
Il n’y a pas de marais
Dans la cour.
Qu’importe! Les fleurs sont jolies.
 
 
nadagami
  

​Ce soir,
Le ciel est beau.
Autant
Ennuagé que dégagé,
 
Il s’étend au-dessus du village
Dans un agencement bigarré
De couleurs très épurées.
À la fois
 
Rose, blanc, violet, bleu, orange, jaune et gris,
Le ciel expose
Ses coloris et ses formations nuageuses
Depuis déjà un bon bout de temps.
 
Très longue,
La soirée qui nous enveloppe
De la lumière du soleil déclinant
Nous entraîne dans un mouvement de décélération.
 
En raison de l’heure,
Des habitudes de vie,
La Rue est déjà plongée dans le calme de la nuit à venir.
Par contre,
 
La boule jaune
Est encore bien visible
Comme si,
Tout au long de la soirée,
 
Elle avait freiné
Sa descente.
Et voilà
Que le soleil,
 
Bas mais toujours visible,
Cherche
À se dissimuler
Derrière l’érable
 
Qui borde
Le passage
Séparant l’une de l’autre
Les maisons
 
De nos voisins
D’en face.
Bientôt,
Le soleil disparaîtra.
 
Mais d’ici là,
Au travers
Des branches
Sa lumière brille
 
En projetant
Un halo
De faisceaux que font scintiller
Les branches agitées par la brise douce.
 
Puis,
Tout doucement
De disparaître
Les dernières effusions lumineuses de l’astre de jour.
 
 
nadagami