​Un peu de peinture
À l’extérieur :
Vieilles fenêtres en bois
Qui ont besoin d’être retapées.
 
Du ménage aussi dans la maison;
On ne sera pas seul
En fin de semaine.
Parce que, tsé, il nous arrive,
 
Quand on est seul
Et que les jours de la semaine
Passent
Comme si c’était le même jour qui se poursuivait sans arrêt,
 
D’oublier de ramasser notre... notre... désordre.
Tiens donc,
Il y a (encore et toujours) de la vaisselle à laver.
Par contre, pour ce qui est de cette tâche, on a fini par comprendre
 
Que plus on lave régulièrement la vaisselle,
Moins il y en a à laver
Et qu’il est conséquemment plus invitant de s’atteler à la tâche
Quand le tas se compare plus à une colline qu’à une montagne.
 
Tout cela sans oublier le lavage,
Les salles de bain,
Le lit,
Les papiers qui s’échouent sur la table des papiers à ne pas perdre.
 
Et vendredi d’arriver
Ainsi que le jour de l’épicerie,
Avant la journée du samedi
Consacrée à la tonte de la pelouse et autres travaux extérieurs.
 
Passe donc le temps
Que finalement on ne voit pas passer.
Et la sécheuse de claironner
La fin d’un cycle.
 
C’est vrai!
Il y a aussi les comptes à payer,
Les rendez-vous...
Et très peu de temps pour écrire.
 
 
Nadagami

​Les mots;
Nos mots;
En cet instant, aucune attente bien que se succèdent les lettres.
Dehors,
 
La nuit qui s’ennuie.
Divertissement :
Ces mots
Qui ne sont pas les leurs les leurrent.
 
La pointe arrondie
Du stylo
Refuse
De s’arrêter :
 
Nos maux
Et nos joies
Tirés de démêlés
Entremêlés.
 
Tout à coup,
Une absence
Que saisit
Un silence
 
Comme le vide
Qui s’empare
Du prochain mot
À écrire.
 
Par ailleurs,
Toujours conscient je suis de savoir que j’ignore,
Mais parfois,
Me voilà tout à coup ignorant de ce que je sais.
 
Dehors,
Encore
La noirceur
De la nuit;
 
Il n’empêche
Que
La rue Principale
Est une lève-tôt.
 
 
Nadagami

Ce matin,
Encore un article dans un de nos médias
Pour nous rappeler...
Pour nous enfoncer un peu plus dans la tête
 
Qu’on est
Poches,
Incompétents,
Nuls en tout,
 
Nous,
Les membres de la francophonie québécoise.
Bien entendu,
Un article et de nombreux commentaires subséquents tous écrits
 
Par des Francoquébécois pleinement d’accord avec les propos tenus.
En somme,
C’est à coups de pied au cul qu’on espère nous faire avancer.
Sauf que ce n’est qu’à partir d’un article,
 
D’un seul et vide de données explicatives,
Qu’il est sous-entendu qu’on est des cancres,
Qu’on est condamnés à n’être que des porteurs d’eau,
Qu’on est des incapables,
 
Que la nullité est un trait inaltérable de notre identité
Autant individuelle que collective.
Je décroche :
Le masochisme n'a pas l'effet attendu sur ma personne.
 
Je n’en peux plus aussi de lire
Ces articles par et pour des Francoquébécois
Qui alimentent cette perception surannée
Selon laquelle nous ne sommes que des bons à rien.
 
Comme si on avait eu les mêmes chances que les autres,
Comme si on n’avait jamais été humiliés,
Comme si on n’avait jamais essayé de renverser la vapeur,
Comme s’il n’existait pas de petits boss de bécosse pour nous freiner.
 
J’ai beaucoup trop longtemps goûté
À la médecine du coup de pied au cul
Pour ignorer qu’elle est d’une inefficacité absolue
Pour quiconque rêve d’autonomie.
 
 
Nadagami

​L’été,
Tout d’abord très sec,
Par la suite très pluvieux,
Se tasse bardé des premières mais timides froidures.
 
Ici et ailleurs, au cours de l’été :
Des pluies diluviennes et des inondations;
Au cours de l’été également, ailleurs et ici :
De la sécheresse et des feux de forêt.
 
Ils sont
Encore nombreux
À rouler
Pendant une bonne partie de la journée pour le seul plaisir de rouler.
 
On peine à reconnaître les saisons.
Dans les hauts,
Normalement,
Il gèle à l’année.
 
Cette année et même en cette fin de saison estivale :
Premier jardin potager
Jamais recouvert lors d’une nuit
D’une bâche protectrice contre le gel.
 
On peine à reconnaître les saisons.
Les érables sont lents
À passer du vert au jaune/orange/rouge.
Que d’autos, quatre-roues, côte-à-côte et motos
 
Sur la rue Principale en ce premier dimanche d’automne.
Ronronnent les uns à la suite des autres les moteurs.
Bin oui!
Nous aussi on roule à l’essence.
 
Mais également, on:
Marche,
Recycle,
Composte.
 
Derrière chez nous :
Des éoliennes.
Au départ, on n’en voulait pas.
Aujourd’hui, on n’en veut pas plus : mais on ravale.
 
 
Nadagami

​Parce que,
Encore une fois,
Au départ,
Tout se dresse sous le signe de la maladresse.
 
Dans la noirceur de la nuit,
Celle juste avant le jour
Et qui s’étire
De plus en plus tard le matin,
 
On redécouvre les mots laissés en plan.
Sauf qu’on se devait d’arrêter
Étant donné qu’on ressentait la nécessité
De reprendre contact avec la vitalité de la terre.
 
Entre les mots et nous,
On le sait bien,
Il y a quelque chose :
Une camaraderie.
 
On n’a pas choisi,
Si ce n’est
Que d’accepter de les voir naître
Au contact fuyant de la pointe du stylo
 
Et de la ligne bleu de la feuille de papier.
Écrire toutefois...
C’est la libération,
Quoique la liberté a un prix.
 
Tout ne peut être dit,
Surtout qu’aujourd’hui
Domine l’interconnexion.
De l’autre côté de la vitre,
 
De celle
Qui est au-dessus de l’évier de la cuisine,
La nuit noire
Qui emplit tout.
 
Tasse de café,
Frigo qui maugrée,
Les mots nous emportent :
On n’a pas choisi quoiqu’on se laisse emporter.
 
 
Nadagami

​Parce que,
Quand même,
Parfois,
Il n’en va pas de même.
 
Tout diffère ailleurs, tout y est mieux, croit-on.
Du moins,
C’est ce qu’on se dit, surtout au début.
Sauf qu’avec le temps,
 
Il arrive,
Plutôt souvent,
Qu’on se retrouve confronté
Aux mêmes difficultés hier rencontrées.
 
Tout d’abord donc, premier constat :
Il faut changer de lieu, d’espace, d’environnement.
Malgré tout : oups!
Manifestation une fois de plus du problème déjà rencontré.
 
Autre changement, sauf que : mêmes tensions relationnelles.
Donc, ce n’est pas l’environnement qui cause problème,
Mais bien les façons de faire, d’interagir, de communiquer, de penser
Qui ramènent sans cesse aux mêmes rapports conflictuels.
 
  Que faire alors?
Mieux définir les attentes
Ainsi que l’environnement recherché
Tout en acceptant davantage les discordances.
 
À tout cela se greffent
La convivialité,
Les amitiés,
Les rapports humains harmonieux et collaboratifs;
 
Parce que, hein, tout seul dans son coin,
Se sentir rejeté,
Soulever l’antipathie,
Être en plus victime d’humiliation... ‘mettons que ça use!
 
Sauf qu’on peut aussi opter pour un peu (beaucoup!) de solitude.
Pour d’aucuns, c’est « Non! »
Surtout que par bouttes, oui, c’est tof.
Avec le temps toutefois, on l’apprivoise.
 
 
Nadagami

​Qu’avons-nous donc
À exprimer
Et qui mérite de l’être
Par le truchement du mot écrit?
 
Peut-être
Tout simplement que,
Pour nous,
Il importe d’écrire.
 
En ce moment,
Le soleil se rapproche
De la ligne d’horizon
Qui s’étire de chaque côté du point de contact à venir.
 
Ainsi va la vie,
Celle qui,
Tout à coup, inexplicablement, sans prévenir,
Nous rappelle son achèvement.
 
Un jour,
Voilà longtemps,
On a eu droit
À notre printemps.
 
Les saisons qui allaient suivre
Se sont finalement écoulées.
On voudrait bien
Se le cacher, éviter d'y penser, ne pas se l’avouer,
 
Mais c’est l’hiver
De notre vie qui débute.
Que peut-on y faire
Si ce n’est que se soumettre à la pleine expression de cette saison?
 
Et voilà que,
Tout à coup,
On comprend
Une longue série de rêves qui se termine
 
Alors qu’on se voit
Quittant pour de bon les bancs d’école,
Tout juste avant l’hiver qui s’en vient
Et accompagnée que sera cette saison d’inévitables séances de pelletage.
 
 
Nadagami