Il y a tout de même et toujours
Beaucoup à faire dans une maison.
Taper des mots,
Oui c’est bien.
 
Mais il n’en demeure pas moins
Que toujours il y a beaucoup à faire.
Et taper des mots
Exige un état d’esprit incompatible avec ce beaucoup à faire.
 
Et moi qui en plus n’ai envie que
De fuir,
De me sauver,
De me morfondre.
 
Taper des mots...
Encore une fois,
Je me questionne.
Mais j’aime les mots.
 
Sauf qu’il faut manger,
Payer les comptes,
Entretenir la maison,
Se préparer pour l’hiver.
 
Écrire,
Dans mon cas,
Ne nourrit pas.
Dehors,
 
Le soleil déverse sa lumière
Sur la pelouse
Verte et luxuriante
Comme elle ne l’a pas été au cours de l’été qui achève.
 
Les mots
Tombent
Sur la page blanche.
Je tape sans réfléchir.
 
Du sud-est souffle le vent
Sous un beau ciel bleu de fin août.
La cafetière en marche et une fois assis face à l’écran,
Tout a commencé avec cette phrase :
 
« Ce matin, il faut que je clanche! »,
Que ça aille vite,
Que je me dépêche,
Que je tape quelques lignes
 
Pour passer au plus vite à autre chose.
Clancher? Ou clencher?
De plus, pourquoi est-ce que clancher signifie aller vite,
Et même battre un adversaire à un jeu quelconque?
 
Je doutais avant même d’enfoncer la première touche.
J’ai alors cherché sur le net pour m’éloigner du clavier.
J’m’ai (me suis) sauvé en somme.
J’ai finalement fermé dicos,
 
Ouvrages de référence, internet.
Les doigts au-dessus des touches du clavier,
J’ai recommencé à taper,
Sans clancher.
 
 
nadagami

​Soudain,
Prévue jusque-là,
Tombe fort
La pluie.
 
Que d’eau
Venue
Des hauts
Devenus
 
Céleste mer
Vaporeuse,
Éphémère
Car nuageuse.
 
Soudain,
De tomber
Cesse sec
La forte pluie.
 
Que d’eau
Ruisselant
Sur le sol
Miroitant
 
Détrempé
Qu’il est
Après avoir été
Réceptacle muet.
 
Soudain,
À l’ouest,
Brille fort
L’astre couchant.
 
Que d’eau
Disparue
Qui tantôt
Apparue
 
A filé
Sur le sol
Où a ruisselé
L’ondée folle.
 
Soudain,
Moins forte,
À nouveau
La pluie.
 
 
nadagami

​Le jour renaît.
Les ombres se replient.
Retenues par leur pétiole
À la tige
 
Qui les a vu naître,
Les feuilles
Bombées et immobiles
Des érables
 
S’offrent entières
À la lumière du levant.
Par contre,
Le bleu de la coupole céleste
 
Persiste à se mêler
Au couvert
Légèrement grisâtre et mottonneux
Déjà présent entre ciel et terre
 
À notre réveil.
Mais au contraire
De la soirée d’hier
Alors qu’un vent
 
Fort et soutenu
Soufflait sur le village,
Tout est très calme
Ce matin.
 
- --- -
 
L’avant-midi
Se déroule
Sous un ciel ensoleillé
Mais que filtre en atténuant sa luminosité
 
Un voile persistant et inégal d’humidité.
Le vent se fait rare
Alors que seules les feuilles
Couvrant la cime
 
Des arbres
Frétillent
Sous l’effet de ses passages
Irréguliers et faibles.
 
- --- -
 
Depuis environ deux semaines,
Le soir venu
On remarque davantage
Le retour de la noirceur.
 
Ici et là,
Des érables arborent
Des feuilles aux couleurs de l’automne.
Sur les fils électriques
 
Ainsi que sur les moulures ornementales en saillie
Du clocher de l’église
Se rassemblent fort nombreux,
Entre chaque razzia
​
Dans les cerisiers sauvages
Aux branches déformées
Par la lourdeur des grappes de fruits mûrs,
Les étourneaux sansonnets.
 
 
nadagami

​Pourtant,
Pour tant
D’emportement
En si peu de temps
 
Rapportant
Ce qui est cru important,
Il en ressort que l’enivrement
N’est que peu portant.
 
- --- -
 
C’est parce qu’il faut avancer.
Taper des mots?
Oui.
Remplacer un mot par un autre?
 
Oui.
Jongler avec les mots pour faire plus beau?
Oui.
Sauf qu’il faut avancer, progresser, passer à une autre ligne.
 
- --- -
 
Toujours est-il
Que le ciel ce matin était gris,
Qu’il a plu au cours de l’avant-midi,
Qu’on a droit en ce moment à de généreuses percées de soleil.
 
Quant à la chaleur,
Elle nous accompagne encore aujourd’hui.
Très présente
Et constante,
 
La chaleur est en cette journée de fin de mois d’août
Chargée d’humidité.
En somme,
On aura droit à une journée collante.
 
- --- -
 
Tôt ce matin,
Au bout du terrain,
Au travers des branches feuillues des cormiers et cerisiers,
J’ai aperçu un moqueur chat.
 
- --- -
 
Et tranquillement,
Tout tranquillement,
D’apprendre
Le nom des fleurs sauvages
 
Qui apparaissent ici et là,
Les fleurs pas les noms,
Dans la cour arrière.
Et le nom d’une fleur à la fois, pas plus.
 
 
nadagami

​Sous un ciel gris,
Bas,
Uniforme,
La lumière tamisée du jour
 
Plonge
Dans l’immobile instantanéité
D’un volume spatial
Délimité par une haie naturelle d'arbres et d'arbustes.
 
À cette absence d’agitation
Se greffe
Celle du bruit
Des feuilles animées par le vent.
 
Gâche l’immobilisme qui règne dans la cour arrière
Le vacillement continu
D’une et d’une seule feuille d’érable
Accrochée à l’extrémité d’une branche qui s’étire près du sol.
 
Silencieux,
Un oiseau surgit
En s’échappant de la couronne
D’un arbrisseau
 
Pour ensuite disparaître
Dans les branches
Tombantes et porteuses
Des fruits mûrs
 
D’un cerisier sauvage.
Au sol,
L’herbe
Fraîchement tondue
 
Est encore mouillée
De l’eau de pluie
Tombée hier soir
Et durant la nuit.
 
Soudain
Tout en haut,
Une échancrure
Dans le couvert nuageux
 
Se dessine momentanément
Et laisse paraître une longue mais fugitive
Bande de ciel bleu.
L’accompagne au sol
 
L’éveil
Du bruissement des feuilles
Que provoque le glissement léger
D’une brise fugace.
 
Un second bariolage
De bleuité céleste
Surgit.
Le blanc émoussé du couvert nuageux
 
Tend de plus en plus à se mêler
À la grisaille enveloppante
Qui, ce matin, était sans faille.
Des nuages prennent forment.
 
Tout près, sur un fil, trois oiseaux ont pris place.
Le dôme de brouillard matinal s’étiole.
Ici et là, des feuilles s’agitent.
S’accentue la luminosité contrastante des ombres.
 
 
nadagami

​D’en haut,
Des sommets,
Un vent léger du sud,
Un vent de pluie.
 
D’en haut,
Se faufilant à travers
Le mince couvert nuageux,
L’insaisissable
 
Lumière
Qui excite l’oeil,
Lumière
Qui crée le jour,
 
Chasse la noirceur de la nuit
Après s'être levée
Indépendamment
De toute forme
 
De volonté connue.
Que faire,
Que dire
Pour défaire
 
Ce qui n’est plus à redire?
Le temps qui,
Paraît-il,
S’écoule,
 
Lui aussi invisible,
Échappe
Des jets
De lumière
 
Entre les mailles
D’un grillage inventé,
Emprisonnant
Dans une réalité limitée
 
Un vent léger,
Du sud,
Venu
Des sommets
 
Arrondis
D’une très ancienne
Chaîne
De montagnes,
 
Appelée,
Au Québec,
Monts Notre-Dame.
Dehors,
 
Un invisible vent léger
Accompagne le jour
Et la lumière
Emportés par une onde temporelle.
 
 
nadagami

​Dérive
De rives
De la Fourche
Qui enfourche
 
Les terres
Sous des airs
De tristesse
D’une sécheresse.
 
Au matin,
Le malin
De la nuit
S’enfuit.
 
Le silence
Alors s’élance
Dans les cris
De l’écrit.
 
Aucun son
Si ce ne sont
Les cliquetis
Ressentis
 
Des touches
Farouches
Enfoncées
Lors d’une lancée.
 
Sécheresse,
Tristesse,
Le foin
Au loin
 
Et des alentours
Est court.
Mais il a fait
Ce qu’on souhaitait :
 
Beau,
Si souvent beau.
Sauf qu'il a peu plu.
Et de pousser le foin n’a pas voulu.
 
 
nadagami

​L’absence
Que comble
Une enfilade
De mots tapés.
 
- --- -
 
La nuit
S’enfuit
Sous un ciel gris.
Les feuillages
 
En boule
Des érables
S’agitent
En surface
 
Sous l’action
D’une brise
Légère
Constante.
 
Le soleil
Tarde,
Mais le temps
N’est pas à la pluie.
 
- --- -
 
Les secondes
Éternellement
Secondes,
Jamais
 
Premières
Ni non plus
Troisièmes,
Passent
 
Parfois
Trop vite,
Parfois
Trop lentement,
 
Mais la plupart du temps
Elles secondent dans son désarroi le temps
Devenu second et qu’on oublie
Tant on n’a pas une seconde à perdre.
- --- -
 
Une voiture
Passe
Devant
La maison.
 
Le ciel
Reste gris.
La brise
Légère
 
Persiste
Sous un couvert
Nuageux
Qui lui résiste.
 
- --- -
 
Finalement,
Il a fait beau et chaud.
On a pu compléter la peinture du mur extérieur avant de la maison.
Enfin!
 
 
nadagami

​Tombe la pluie,
Souffle le vent.
Cesse la pluie,
Perdure le vent.
 
Aujourd’hui,
Un saut à Lévis,
Qui hier était ma ville,
Qui aujourd’hui ne l’est plus.
 
Partir
Et recommencer
Pour repartir
Afin de commencer.
 
Dehors,
La pluie.
Dehors,
Le vent.
 
Là-bas,
Dans les bas,
La ville de ma jeunesse
Où ne résident que des souvenirs.
 
Renaître si vieux,
Ailleurs,
Loin des miens
Qui déjà m’ont oublié.
 
Dehors,
Le temps gris,
Pluvieux,
Venteux.
 
Demain,
On verra.
Le vent s’est calmé.
En cette fin
 
De journée,
Souvenir 
D’une journée de souvenirs.
Lévis est si loin.
 
 
nadagami

​Échelle :
Est-ce elle
Qui d’ici au ciel
Nous sert de passerelle?
 
Si on veut.
Sauf que le ciel,
Si haut,
Nous apparaît,
 
Vu d’en bas,
Inatteignable.
Qu’importe!
Toute la journée,
 
Nous montons dans l’échelle,
Pinceau à la main,
Appliquons la peinture
Sur la surface accessible
 
Pour ensuite redescendre.
Une fois
Les deux pieds
Sur le plancher des vaches,
 
Nous déplaçons
Et stabilisons
L’échelle,
Gravissons les barreaux
 
Armé d’un pinceau
Et d’un gallon de peinture
Qui ne contient pas
L’équivalent
 
D’un gallon de peinture
Mais que nous persistons
Tout de même
À nommer
 
Gallon de peinture,
Peinturons
La surface accessible à bout de bras,
 Redescendons
 
À nouveau
Pour tantôt
Remonter
Dans l’échelle.
 
Au-dessus,
Le ciel,
Inatteignable,
Un peu comme
 
Le peinturage complet
Du mur avant de la maison.
Et l’échelle qui sert de passerelle
Entre ce qui devait être
 
Peinturé
Et ce qui
Le sera
Une fois recouvert
 
Au grand complet
De deux couches de peinture
Le mur avant
De la maison.
 
 
nadagami