Sans effusion de bruit,
Ou plutôt est-ce la fuite inconsciente vers un lieu
Que seule la fuite obligée permet d’atteindre.
Juste là
Où le sillon naît,
Puis se prolonge
Tandis que notre regard évite maladroitement d’y plonger.
Images disparates.
Le poids de l’écriture :
Pourtant on ne fait que dessiner des lettres
Sur une feuille de papier.
Qui on est?
Comment savoir
Alors que partout et depuis toujours
Nous poursuit cette certitude d’être un étranger?
Même quand on se retrouve parmi les nôtres.
On cherche à comprendre,
Supportant les affres habituelles que suscite l’intégration à un groupe
Tout en repoussant les assauts intempestifs du doute qui assaille.
Tous les jours on s’informe
Avec cette impression sordide de ne jamais vraiment comprendre.
Hier (voilà plusieurs années), souvent, seul et très souvent seul,
On a marché sur du Mont-Royal Est.
Aujourd’hui on marche seul sur la neige,
Entouré du silence de la voix des hommes,
Mais pas du grondement sourd des moteurs de char
En marche depuis le stationnement de l’épicerie.
Au moins, parfois,
Il nous arrive de n’entendre que le bruissement
De la botte qui s’enfonce
Dans la neige épaisse jamais encore foulée.
Il a neigé :
Le vent, voilà quelques jours, a beaucoup frappé de sa vigueur.
Sous les érables effeuillés
S’échoue sur les bancs de neige la lumière toute de bleuité ombrée.
Nadagami