On fait avec.
Les routes, quant à elles,
Se déroulent vers d’autres ailleurs
En ornières parallèles
Que dessinent sur fond asphalté
D’étroites bandes de neige durcie par le passage des autos.
Enveloppe les montagnes
Un brouillard de froid
Qui en même temps s’en éloigne
Tout en survolant le village
En formations lentes, dépareillées,
Distantes les unes des autres.
Sans doute en raison du froid polaire qui sévit,
Les nuages ont perdu leur apparence ouateuse.
On les dirait formés de particules minéralisées réfléchissantes.
Ainsi le froid,
Conquérant,
Impose-t-il sa loi
Autant en haut qu’en bas.
Je tape.
Dehors,
Le froid.
Je tape.
Et soudain de me revoir
Sur les épaules de mon père.
J’ai quoi, cinq ans? Oui.
Et de remonter à ma conscience cette scène
Au cours de laquelle je vois tous ces gens handicapés
Qui gravissent, lentement, en longues rangées
Les allées
Qui les conduisent aux portes de cette grande église
Qu’est la basilique
Sainte-Anne-de-Beaupré.
J’ai tellement pleuré,
Sans pouvoir m’arrêter,
En apercevant tous ces gens handicapés,
Se déplaçant à l’aide
De béquilles, canne,
En chaise roulante.
Je ne comprenais pas pourquoi tant de misère,
De malheur, de souffrance.
Pourquoi?
J’étais jeune, innocent et face à cette misère humaine, incrédule.
Je ne comprends pas plus aujourd’hui
Pourquoi tant de souffrance, de misère,
Mais je sais qu’elles existent.
Dehors, le froid persiste.
nadagami