Le ciel ennuagé,
Au réveil gris pluie uni,
Passe au blanc gris poudré d’un entre-deux
De précipitations.
Dans la cuisine d’été,
Mes bottes de caoutchouc s’impatientent,
Grognent,
Tapent de la semelle :
On y va,
Oui ou non,
Faire le tour de la cour?
Oui! Oui!
Parce que dans le jardin,
Depuis hier les tomates
Et depuis samedi
Les courgettes
De même que les cerises de terre,
Les plants qui bientôt les porteront
Y sont.
Paraît qu’il faut leur parler,
Aux plants et aux plantes,
Comme je parle
À mes bottes de caoutchouc.
On y va?
Ç’ra pas long!
Encore quelques mots,
Quelques lignes
Pendant que la laveuse essore.
Ce matin,
Mes bottes se font insistantes.
Elles ne veulent pas
Qu’aller voir le jardin,
Mais aussi
Faire le tour de la cour.
Il a plu au cours de la nuit
Et ce matin, le sol est mouillé.
Dans ce temps-là,
Mes bottes se sentent utiles
Et elles adorent ressentir
Chez autrui l'importance
De leur raison d'être.
Embraye! Tantôt il pleuvra
Et quand il pleut,
Tu es alors trop moumoune
Pour sortir.
C’est correct, les bottes.
J’ai compris.
Voilà!
Fin du cycle d’essorage;
Le linge, dans la sécheuse;
On part une brassée de bas de laine.
On y va
Ou pas?
Oui! Oui!
Encore une petite minute.
Je les enfile, mes bottes.
Nous voilà dehors.
Il me semble entendre les tomates
Papoter avec les fraises.
Oh que l’azalée déborde d’orangité!
D’orangité?
Ouin! Si on veut.
Puis les bottes,
On va où maintenant?
En haut, dans le fond de la cour.
Après,
On redescendra tranquillement
Pour que je puisse savourer
À plein
Toute l’importance
De ma caoutchouticité.
De ta... caoutchouticité?
Pour d’autres, c’est l’orangité. Non?
C’est correct, j’ai compris.
C’est cela : suis tes bottes qui te suivent.
nadagami