C’est de recommencer.
Droit devant,
La page qui n’est que blancheur.
Parce que, sur la page, tout d’abord,
Il n’y a rien,
Absolument rien,
Que l’éclat semblable à celui de la neige sur le sol.
Rien il n’y a,
Que le vide
Qui sans cesse s’évide
De lui-même.
Mais voilà qu’on enfonce une première touche,
Une deuxième
Et l’élan d’être donné.
En somme,
On tape,
Sans comprendre,
Sans chercher à comprendre,
Emporté que nous sommes
Par le flot grossissant
Des mots
Qui se détachent
Des flancs de la montagne de l’irrationnalité.
Fond en même temps la retenue
Qui se transforme
En fluide,
Entraîné qu’il est à son tour
Dans l’affluent
De l’inconscient
Qui, par la suite, se répand
Sur la page blanche.
Qui suis-je?
Que suis-je soudainement?
J’ignore tout de ce qui m’entoure
Alors qu’emporté par cet élan,
Je suis inexistence,
Inexistence qui existe.
Tout cela n’a aucun sens
Bien que je me sente à l’aise
Dans ce tourbillon
De mots
Qui émanent
D’où je ne sais trop.
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S’embrume
Le village,
Se consument
Les paysages.
Grisaille enveloppante,
Repli sur soi.
De la rue grouillante,
Très peu on aperçoit.
Soupçon d’inexistence
D’une matérialité ambivalente
Mais dont l’idée d’absence
Face à la réalité est concomitante.
Fines gouttelettes
En suspension
Et à l’aveuglette
En est l’expression.
Temps brumeux
Et lourde grisaille,
Bas plafond nuageux
Et champs jaune paille.
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Et on recommence à taper
Après quelques commissions,
Après quelques courses,
Après une escapade à l’extérieur.
Comme d’habitude,
On n’a rien à dire
Mais on dit,
Comme d’habitude.
C’est un peu bête.
On s’adonne à je ne sais trop quoi
Puis tout à coup,
Il nous faut écrire.
Pas de crayon,
Pas de papier,
On a fait comment à la première éclosion?
Je ne sais plus.
Mais là,
Tout à coup,
Il le faut,
Il faut écrire.
Écrire quoi :
Que la vie est belle?
Eee...
Non!
La vie,
Elle n’est ni belle, ni pas belle.
Mais il y a qu’on entend, seulement entendre, un vent,
Un vent qui bien évidemment souffle.
C’est tout.
D’où vient-il,
Ce vent
Qui ne fait bouger aucune feuille?
Mais il y a aussi qu’on n’a pas de papier,
Ni de crayon.
On s’assoit
Sans comprendre.
La première fois,
Je n’ai rien compris.
Longtemps après,
J’ai appris à taper parce que je savais qu’il fallait que je l’apprenne.
Nadagami