Se couvre le ciel
Tandis que le froid
Se glisse et s’épand
Au-dessus de la terre abriée
D’une mince couche de neige.
Au réveil, les montagnes ont disparu
Derrière un écran de nuages informes.
Sur le sol,
S’accumulent depuis peu les flocons.
Tout en descendant la Rue,
La charrue pousse sur le côté la neige tombée
Et laisse en même temps au milieu de la chaussée
Une traînée de sable et de sel.
Le fond des chemins est coulant.
D’en haut de Saint-Roch,
On a l’impression que le village a disparu,
Désintégré qu’il aurait été
Alors qu’une masse nuageuse opaque le recouvrait.
Dans les entrées de cour des maisons,
Les ornières des roues des autos passées
S’emplissent et tendent à s’effacer.
Le vent est absent.
À vitesse constante,
La neige tombe
À coup d’incalculables milliers de points blancs
Qui glissent lentement vers le bas
Tout en diluant les formes définies
Dans une illusion scénique
De mouvance ascensionnelle.
De chaque côté des routes bordées d’arbres,
Le dessus des branches dénudées et immobiles
Se couvrent d’une couche de neige
Qui va toujours en s’épaississant.
Droit devant,
Au bout de la route bordée
Par les ourlets de neige abandonnés par la charrue
Et alors que tend à s’amincir le couvert nuageux,
Reprennent forme à travers la neige tombante
Les sommets de colline qui ceinturent le lac Crève-Faim.
Bientôt, on le devine,
La neige cessera.
Mais après, on le sait,
Il faudra pelleter.
nadagami