La chaleur humide
Flotte
Au-dessus de l’herbe appesantie de gouttes de rosée.
Se manifestent des souvenirs redondants,
Lesquels suscitent une exaspération
Que les instants consacrés à la marche
Devaient en principe endiguer la remémoration.
Au moins à l’extérieur,
Où le vent s’est absenté
Alors que remonte des Zétas la tempête à venir,
On est bien.
Il nous est difficile d’oublier
Ces moments,
Ces épisodes répétés de frustration et d’humiliation
Qui nous ont au final meurtri peut-être à jamais.
Il y a les fleurs sauvages,
La cour arrière,
Les mots tapés et corrigés,
Les paysages qui réussissent à nous offrir des joies.
En nous toutefois,
Une peine trop vieille,
Trop longtemps entretenue,
S’accroche à nos trippes.
Oublier le passé?
Comment faire
Alors qu’il nous accompagne?
Il n’y a que les mots qui nous réconfortent alors qu’on est seul.
Des oiseaux
Vont des sureaux aux érables,
Des érables au tas de compost,
Du tas compost aux cerisiers tout de grappes de fruits alourdis.
L’herbe est tant mouillée qu’elle ne séchera pas aujourd’hui.
Les doigts maintenant en contact avec les touches du clavier,
On tape.
En dépit d’une lourdeur éducative passée, on est et on renaît.
Notre monde, qui nous effraie quand même, n’est que de mots,
Héritage quelque peu embarrassant,
En une langue depuis longtemps menacée d’extinction,
Mais sans lesquels la vie perdrait tout son sens.
M’en retourne dehors.
Oups!
Il y a de la vaisselle sur le comptoir,
Et les framboises ainsi que les bleuets à cueillir avant la pluie.
Nadagami