Qui monte monte monte jusqu'au rebord des fenêtres de la maison.
Dehors, la neige
Sur laquelle se répand un soleil tout en lumière.
En'd'dans je suis.
Mes paupières sont lourdes.
Tellement qu'une fois fermées
Je crains qu'elles le demeurent un trop long moment.
Alors que je lutte pour garder les yeux ouverts, le temps passe.
Les saisons itou passent.
Moi, si je passe? La question ne se pose pas.
Tout est du temps visible.
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Mais il y a la langue, ma langue qui me donne du fil à retordre.
Parce que, sans que je ne sache pourquoi, elle éveille en moi
Un sentiment de culpabilité.
Je me sens coupable d'aimer cette langue qui m'est maternelle.
C'est comme si... C'est comme si... C'est comme si,
Je me coupais du monde extérieur.
C'est comme si, je décidais d'être seul avec ma langue.
C'est comme si, je me retrouvais en un lieu déserté.
C'est cela qui m'inquiète et qui éveille cette culpabilité,
Comme si je ne devais pas l'aimer.
Mais j'aime ma langue, sans détester les autres.
J'aime ma langue, que je regarde et que j'écoute.
Québec.
Kebbek.
Lu à partir du centre, entre les deux b de Kebbek, on obtient :
Deux fois la syllabe bek qui se prononce comme bec.
Et c'est avec le bec qu'on parle.
Québec, là où les deux rives se rapprochent.
Kebbek, là où les deux becs se rapprochent.
Il faut deux becs pour converser avec un autre que soi-même.
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On dirait que c'est cela que signifie le mot Québec :
Discuter, parler avec une autre personne, et que le courant passe.
Et c'est cela qui se passe avec ma langue :
Les mots se transforment comme s'ils avaient un secret à révéler.
nadagami