Le temps est frais.
Fait notable : pas de pluie en vue.
À quatre pattes dans le jardin, on sarcle.
Flottent les premières émanations du retour des mouffettes.
Va-et-vient constant des voitures et des camions dans la rue.
En face de l’ancien presbytère, on refait une toiture.
De l’autre côté de la rue, on se prépare pour la démole.
Coups de bêche dans le fond du sillon d’un rang.
Agenouillé, je me prépare à débarrasser la terre
Des mauvaises herbes qui ont profité de la pluie abondante
Pour transformer le jardin en tapis de pousses indésirables.
Venu du fond de la cour,
Le bruit étouffé des presses de la manufacture de plastique.
Un chien aboie.
Des enfants s’amusent dans les jeux d’eau.
Je commence par le rang du centre
Que je remonterai avec avoir bêché le fond du sillon.
C’est parti,
On arrache.
Des voitures arrivent et repartent de l’épicerie.
Des passants placotent à l’entrée du bureau de poste.
Résonne au loin un moteur de tondeuse à gazon.
Tout près claque une porte extérieure qui se refermait.
Soudain, alors que je lance une poignée de mauvaises herbes
Dans la chaudière de plastique,
Je l’entends.
Où est-ce qu’il est?
Oups! Ici, je n’ai pas assez bêché.
Je me reprends car la terre est trop dure, trop tapée.
Quelques coups de bêche.
Le temps se réchauffe.
Agenouillé, chaudière de plastique devant moi,
Je l’entends à nouveau.
Son chant perce et surpasse tous les autres bruits.
Tandis que j’arrache les mauvaises herbes,
Je me laisse emporter par une cacophonie de chants d’oiseau.
C’est bien lui.
Je suis subjugué par cette effusion de chants d’oiseau différents.
Et c’est si beau sous le ciel ensoleillé et tatoué de nuages en fuite.
La première fois que j’ai entendu cet oiseau chanter
Mais qu’en même temps je ne voyais pas,
Je me suis tout d’abord demandé comment il se pouvait qu’autant
D’oiseaux différents puissent se tenir ensemble à un même endroit.
Je me suis alors approché de l’arbre d’où émanaient les chants d’oiseau
Pour découvrir que ne s’y cachait qu’un seul oiseau.
Et cet après-midi, accroupi dans le jardin, encore une fois
Je redécouvre cet imitateur hors pair de chants d’oiseau.
Le voilà qui reprend sa mélodie.
C’est si beau, si joyeux, si diversifié, si clair.
J’enfonce mes doigts dans la terre,
Arrache les mauvaises herbes,
Oublie la platitude répétitive de la tâche
Tout en écoutant ce joyeux drille égayer le temps.
Après la troisième envolée, je ne peux résister.
J’arrête de sarcler et cherche à savoir où se niche l’oiseau.
Soudain, j’aperçois l’imitateur, le moqueur chat,
Qui se tient sur la branche la plus haute de l’épinette
Qu’un soleil généreux éclaire et réchauffe de sa lumière salvatrice.
Bel oiseau gris, tes vocalises cet été auront été des soleils de joie.
nadagami