Les feuilles
Aspergées de la lumière
Du jour levant.
On quitte notre chaise
Pour ensuite enfiler une paire de bottes à tube.
Après avoir ouvert celle à l’intérieur,
On pousse la porte dite moustiquaire.
Vent tout aussi invisible qu’absent.
La fraîcheur du matin on ressent.
Tout à coup on se sent,
Et on sait pourquoi, indécent.
Le pourquoi?
Tout simplement parce que nous habite un état de bien-être :
Résidu d’une éducation malsaine.
On nous a si souvent dit qu’on ne pouvait être que chanceux,
Jamais méritant,
Que le bien-être était réservé
À ceux, à celles qui le méritaient,
Ce qui, on l’a sans doute deviné, nous excluait.
Il fait beau. Très.
L’été a de ces attraits
Que même les pires ignominies dans lesquelles on s’empêtrait
Finissent par disparaître tout d’un trait.
Les merles et les quiscales
Bouffent tant de fruits des sureaux rouges
Que les feuilles des branches les plus basses de ces arbrisseaux
Témoignent des nombreuses éjections digestives des oiseaux.
Le plant de rhubarbe déplacé en fin de semaine dernière
Se porte bien.
De nouvelles pousses émergent
Du monde vivant mais sans lumière des racines du plant.
L’herbe est mouillée;
Les images de nos rêves de la dernière nuit, embrouillées;
De ses fleurs le rosier, dépouillé;
Ces pensées issues de nos misères du passé, écrabouillées.
Nadagami