L’été se sauve.
Dehors, persiste le mouvement presque imperceptible
Des longues ombres du matin sur le sol.
À l'intérieur, un besoin de fuir face à l’incompréhension
D’une obligation qui, tenue loin, génère peine et misère.
Pourquoi les mots et non pas être tout simplement électricien?
En plus, les mots d’une langue oui qu’on aime mais qui se replie.
Et de revoir ce rêve,
Alors que, serveur dans un café, je suis sous la tour Eiffel
À essuyer des verres, à les polir,
À polir mes vers.
Mais,
J’oublie la vie, sa lourdeur, lorsque je tape des mots,
Lorsque je les relis,
Lorsque je les corrige.
Un jour peut-être viendra et à partir duquel je m’affranchirai de
La crainte du mot écrit.
Taper des mots.
Je continue.
Le temps passe.
Jaune,
Le lever du jour se colle aux murs et aux toitures.
Les ombres toujours se déplacent et se contractent.
Ne plus ressentir la vie comme un devoir.
Ne plus ressentir le poids de la fuite.
Être si avancé en âge et ne pas être encore branché.
Mais les mots m’ont obligé à me séparer de mes enfants.
J’aime les mots
Et les mots me font de l’oeil :
Les hémérocalles
Éructent leurs couleurs,
Extériorisent le particularisme de leurs pétales,
S’ouvrent
Jusque dans l’oeil du passant qui, si sensible il est,
Ralentira le pas pour apprécier la précarité de la beauté éphémère.
Je ne me sens ni triste ni joyeux ce matin.
Non, juste bien.
Dehors, il fait merveilleusement beau.
Je suis ce que je suis.
Une autre journée s’ajoute.
Les mots surgissent.
Ce sont eux qui nous sauveront.
Et seulement eux si nous voulons bien qu’ils nous sauvent.
Le jour rayonne de clarté.
Le ciel, bleu, est limpide,
Uniforme,
Uni dans sa forme.
Il y a la peinture qui m’attend.
J’écris.
Je dois reconnaître que depuis que j’écris quotidiennement,
Je me lève tôt.
nadagami