Depuis l’est,
Souffle et assèche la terre
Sous un ciel qui n’est qu’ensoleillement.
De ce temps radieux, inexplicable est pour nous sa durée prolongée
Surtout que, du temps de notre jeunesse, le nordet
Était toujours accompagné
De pluies abondantes, de grisaille et de rafales constantes.
Ainsi donc et afin de tirer profit de ce beau temps,
Claquent depuis tôt ce matin des draps chargés d’humidité
Qu’on a étendus et qui sont retenus au moyen d’épingles à linge
Sur les cordes en parallèle de notre patentage de corde à linge.
Draps de nouveau dehors,
Que le vent soulève, assèche, fait frissonner et bruisser,
L’ensemble indiquant le retour du printemps à la campagne
Parce que, en ville, il arrive qu'on ne puisse user d'une corde à linge.
Nous en sommes rendus là,
À débattre afin de légitimer l’interdiction
Du séchage extérieur du linge lavé
Sur une corde à linge.
Et la langue française dans tout cela?
Aussi bien la mettre tout de suite dans la sécheuse
Pour nous assurer qu’elle s’assèche et se fragilise
Pour ainsi éviter de longs débats pour une langue déjà condamnée.
Pendant ce temps aussi et toujours du côté de la ville,
On manifeste en raison du couvre-feu imposé
Pour casser la propagation du virus :
Opposition quant à nous découlant de la pensée magique
De celui, de celle qui se croit invincible
Et pour cette raison, victime d’un complot;
Le tout relevant de la frivolité d’une société gâtée
Qui ne se préoccupe pour se distraire que de futilité.
Mais bon,
Peut-être aussi qu’on ne fait qu’exprimer une envie de faire la une.
Le vent s’arrache des hauteurs montagneuses.
Au pied de celles-ci sèchent étendus les draps chargés d’humidité.
Nadagami