Avec plus de netteté de la pénombre les paysages surgissent;
Accompagne la lumière du jour levant
Un espace aérien dont l’insaisissable pureté partout se répand.
Quant à nous, et en dépit du froid, on s’oblige à attendre
Pour éviter de tout reprendre,
Bien que jamais tout à fait on arrête
De faire des choses rien que d’une traite.
Pour ce qui est du froid, ce matin il en impose
Et notre bienveillance, il indispose.
Sauf que c’est l’hiver
Qui, parfois le matin, nous vire à l’envers.
Notre quotidien ces temps-ci en est donc un de froidure,
Qu’on endure.
Mais quand même, on aime ces lieux, ce pays
Où nos mots, sur le chemin de la vie, en sont le paillis.
Et comme tout le monde, du temps passé on vient de loin
Sans jamais avoir cependant, au cours de cette vie, pris soin
De noter sur papier l’atavisme possible de certains souvenirs
Pour enfin justifier notre imputabilité quant à notre devenir.
Dehors alors que février égraine ses jours, le froid intense
Se manifeste davantage et avec insistance.
Des cheminées
S’échappe épaisse la fumée.
Parfois, on rêve d’un pays,
Semblable à une abbaye
À l’intérieur de laquelle notre langue serait, de nos craintes, ogresse
Et en même temps, le trésor caché à l’intérieur de la forteresse.
Mais réside une tare chez l’homme
Qui mine notre rêve et nous assomme :
Un penchant à la suffisance
Qui génère en nous, et face à l’autre, l’expression d’une intolérance.
Dehors, un froid transparent
Qui nous saisit inconsidérément;
En dedans, un pays
Auquel on rêve pour que jamais l’usage de nos mots ne soit réduit.
Nadagami