Et il neige encore.
Mais pour ce qui est de la tempête annoncée,
Se sont plantés les prévisionnistes appelés météorologues.
Continuent de plonger en diagonale les légèretés blanches
Que charrie le vent.
Alors qu'on pousse la pelle-traîneau :
Revisionnement de relations conflictuelles du passé.
On assiste à un retour inopiné de l’hiver
En plein égarement de l’élan printanier :
Hier, la pelouse à la verdure craintive;
Ce matin, partout la neige.
Souvent on ressasse en silence des scènes du passé :
Le boulot, la famille, les amitiés.
Toujours en ces occasions, il nous aurait fallu être
Une personne autre que celle que fondamentalement on est.
Comme on voudrait s’extirper de l’emprise résiduelle
De ces rapports qui ont généré tant de frustrations.
On pellette, on mange, on marche, on sarcle, on tape :
La cinématographie de nos frustrations soudain s’active.
On est un rêveur.
Pour un rien, on s’enflamme :
On voit un junco ardoisé
Et voilà que toute notre attention est portée sur ce volatile.
De la rue montent les pétarades
Qu’émettent des véhicules à deux ou quatre roues
Et on déprime.
Vivre pour entendre le ronflement bruyant d’un moteur à essence...
Nous,
Ces sont les mots :
Non pas pour inventer un monde à l’aide des mots,
Mais pour comprendre ce que les mots ont à dire.
Nous,
On ne fait que rapporter :
Non pas en soumettant les mots à une contrainte,
Mais bien en nous soumettant à l'émotion instigatrice de tout élan.
Nadagami