Les oiseaux chantent.
Les voitures passent devant la maison.
S'éloigne le bruit des moteurs.
Silencieuse à nouveau la rue.
Pétarade du vieux frigo de la cuisine d'été.
L'autre, l'autre frigo, emboîte le pas.
Passent à nouveau devant des autos.
Les portes et les fenêtres sont ouvertes.
Hier soir, on est allé marcher en ticheurte.
C'est rare.
Normalement, le soir, une fois le soleil sur le bord de se coucher,
Dans les hauts,
Au pied des montagnes
(Je sais, ça fait bizarre les hauts et au pied),
Le frette descend et donc, dehors,
Ça prend une 'tite laine. Pas hier soir.
Mais, pas de coeur, on a parlé tempête de neige hier soir,
De la fameuse tempête du huit février,
De la peur d'être isolé, assujetti, tenu prisonnier.
Il faisait chaud hier soir.
Le ciel était ennuagé.
La lune, déformée, languissante, se faufilait derrière les nuages
En tache répandue.
Il faisait chaud hier soir et
Sur le bord de la rue,
Debout, formant un cercle sur le trottoir
Alors qu'on avait oublié qu'on était là,
Justement, sur le bord de la rue
Et que tout le monde pouvait nous voir,
Devait sans doute se demander de quoi on pouvait bien parler,
En cette fin de journée enfin chaude,
En ticheurte,
Pas trop loin de la chèvrerie,
Tandis que le soleil couchant arrosait de rose orange le ciel,
On parlait tempête de neige.
Bizarrerie d'une rencontre fortuite.
On parle tempête de neige
Sur le bord de la rue
Le premier soir chaud qui annonce l'arrivée de l'été.
On est revenu,
Pas vite.
Il n'y a rien qui pressait,
Pendant que le soleil continuait de se coucher.
Dehors, les autos vont et viennent.
Le frigo fait sa job.
Le temps est gris et
Continue de fuir.
nadagami