Aux lignes bleues de la feuille
Les lettres des mots
Qu'abandonne derrière elle la pointe du stylo.
Les années passent et s’évanouissent
Tandis que s’évanouissent et passent les chimères idéalistes.
On ne reconnaît plus le vent
Ainsi que la froidure automnale mêlée de gel qui, cette année, tarde.
Sur la feuille,
En filigrane,
Une image d’un temps passé
Si semblable à une projection onirique,
Mais dont le contenu est à ce point incongru
Que notre raison nous refuse toute interprétation logique.
S’effilochent les années, les siècles.
Toutefois en nous,
Des souvenirs,
Qui ne semblent rattachés à rien,
Subsistent.
Un peu partout, ici et là, s’élèvent des éoliennes
Alors que fondent les glaciers
Et qu’impose sa domination le genre neutre.
Un jour,
On dira qu’avant se succédaient les saisons,
Qu’on pouvait observer
Le soleil, la lune, les étoiles,
Qu’une fois l’hiver revenu
Les gens patinaient à l’extérieur sur les surfaces glacées.
On ne reconnaît plus le vent,
Ni les saisons,
Encore moins les ciels de jour et de nuit.
A beaucoup brûlé le Canada tout au long du dernier été.
En même temps ailleurs, la guerre,
Celle qui nous est rapportée et aussi celles ignorées.
Les jours avec toute leur lourdeur se suivent et malgré tout,
Nos mots, nos rêves, nos convictions de nous entraîner.
Nadagami