Puis à la page
S’y accrochent,
Les mots.
Avant-goût printanier :
Lever du jour s’arrachant de l’emprise de la froidure nocturne;
Uniformité matinale de la bleuité céleste;
Sol recouvert d’une blancheur éclatante,
Presque aveuglante;
Début de journée générateur de titillements acéricoles;
Neige au sol piétinée bientôt collante;
Fuite depuis le versant montagneux de cris de corbeaux.
Ailleurs,
Sur le bord de la route,
Quatre chevreuils.
Au loin :
Une ligne d’horizon en perte de netteté.
De chaque côté de la rue Principale,
Marchent des gens, la plupart âgés, qui, ici et là,
Se croisent, se saluent, s’arrêtent pour placoter.
Dernier droit de l’hiver,
De la saison froide,
Plus empressé qu’à l’ordinaire qu’il semble être cette année
De passer le flambeau au printemps.
On peine,
C’est plus fort que nous,
À ne pas vouloir se sentir soulagé
De la fin de la saison des engelures.
Sauf qu’on a juste envie d’oublier,
Même si l’hiver tire bizarrement déjà à sa fin,
Même si l’hiver en cours a été d’une complaisance presque gênante,
Même si... l’hiver... n’en a pas vraiment été un.
Demain, peut-être qu’on s’inquiétera.
Mais seulement demain,
Car en ce moment au-dessus du village
Flotte un dôme céleste blanchi par une infinité de points de chaleur.
Nadagami