Soudain,
Se mettent à taper,
Sans se soucier de quoi que ce soit d’autre.
Malgré tout,
Il nous semble tout de même opportun de préciser ici
Que nos doigts
Enfoncent sans s’enfoncer,
Et enfoncent sans s’enfoncer les touches du clavier
Qui s’enfoncent
En raison de la pression que nos doigts
Exercent pour que s’activent les touches
Sans pour autant que,
Au rythme que commandent les déplacements de nos doigts,
Nous nous enfoncions nous-même
Telle une touche enfoncée.
Pendant ce temps,
Dehors,
Évidemment dehors,
Il y a les nuages,
Gris,
Le vent,
Lui aussi gris,
Mais d’un gris invisible.
En fait,
Le vent qui souffle a toujours la même couleur
Que le temps qu’il fait.
Voilà que la chaleur se dissipe et que s’impose le froid.
Le vent adopte dès lors la couleur translucide du froid mordant.
Il pleut
Et le vent chargé d’humidité de devenir dégoulinades argentées.
Lorsqu’à l’extérieur tout n’est qu’accalmie,
Le vent de s’enduire automatiquement de la couleur de l’absence,
Du vide,
De la non-existence.
Quand il fait nuit, qu’il vente
Et que nous,
Pendant ce temps,
Nous dormons
Jusqu’à ce qu’une rafale
Fasse craquer la maison,
La couleur qu’adopte alors le vent est celle de la nuit,
Soit de la noirceur,
De l’imagination débridée
Et que chaque rafale bruyante,
Parfois terrifiante,
Nous entraîne dans une manifestation débridée de l’invisibilité
Comme si nous tombions dans un puits sans fond.
Face à la chaleur cependant,
Le vent diffère.
Il est possible qu’il s’oppose à la couleur imposée,
Que le vent tienne tête à la chaleur.
C’est alors qu’il rafraîchit,
Qu’il prend une teinte opposée à celle de la chaleur.
Peut-être sont-ils, la chaleur et le vent, ennemis en ces occasions.
Par contre,
Quand le vent s’allie à la chaleur
Et que celle-ci trop intense
En vient à dominer le vent,
Ce dernier de prendre les couleurs de l’élan violent et destructeur.
Toujours est-il que mes doigts
Ont au départ décidé qu’il était temps de taper...
Non!
Pas de taper, mais d’enfoncer des touches
En exerçant sur elles une très légère pression.
Mais bon,
Ainsi va la vie.
Nous en sommes donc là,
À être assis face à un écran d’ordi,
À regarder les mots y apparaître.
Pendant ce temps,
Essore la laveuse,
Communément appelée machine à laver
Et qui sert à laver le linge.
Mais en même temps,
En nous bouillonne une envie de fuir,
De partir,
De bouffer de la route
Pour oublier
Qu’on roule pour oublier.
Mais bon,
On continue de taper
Tandis que toujours essore la laveuse.
Ah oui! Et avant que je ne l’oublie,
Tantôt et je ne sais trop pour quelle raison,
J’ai eu l’impression de flotter au-dessus du plateau appalachien.
Vous savez,
Ce plateau que la baleine sépare du piémont lui aussi appalachien.
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Peut-on?
On n’a pas à se gêner :
Peu ont?
Ce n’est que la lettre « t » qui a glissé vers la droite.
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Dehors,
Il mouillasse par bouttes.
Par bouttes aussi, il vente.
Le ciel est bas,
Le vent, toujours aussi coloré,
Les arbres, verts de feuilles,
Le ciel, gris de nuages,
L’asphalte...
L’asphalte?
Bin, ça dépend :
Gris pâle, si sec;
Gris foncé, si mouillé.
Nadagami
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