Dans la cour, les quiscales bronzés sont nombreux.
Tantôt, on sarpera parce qu'ici on sarpe.
Ailleurs, il se peut qu'on serpe aujourd’hui, car là-bas on serpe.
Tant de verts pour un seul arbre,
Tant de verts pour une seule cour,
Tant de verts pour un seul flanc de montagne,
Tant de teintes pour une seule couleur.
Il fait beau.
Il y a beaucoup à faire à l’extérieur.
Mais il nous faut aussi écrire.
On écrit donc.
Quelques mots,
Quelques idées,
Quelques quelque
Et quelques quelques.
Déconfinement progressif et le village de reprendre vie.
On le préférait un peu plus endormi.
Mais bon,
On fait avec.
Nos doigts sautent d’une touche à l’autre
Alors que nos yeux regardent les lettres se succéder à l’écran.
Que de temps passé à taper des mots,
Que de temps passé à les relire.
On nous avait dit que ce serait difficile,
Mais on ignorait que ce le serait autant.
Comme on apprécierait être davantage lu.
D’un autre côté, il vaut peut-être mieux qu’il en soit ainsi.
Et de poursuivre.
Tandis que naissent à l’écran les mots,
En même temps on s’imagine
Tapant sans arrêt des mots.
Il y a toutefois qu’on s’interroge.
Surtout depuis quelque temps.
Au-dessus plane l’angoisse du fric.
C’est sérieux ce qu’on fait?
Voilà!
C’est assez l’angoisse.
Il y a des travaux à effectuer dans la cour arrière.
On ne peut pas passer la journée entière à écrire.
Surtout qu’écrire ne nous rapporte rien.
Pas une maudite cenne.
Écrire...
Écrire...
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Il nous arrive,
Comme ce matin,
De nous sentir aussi vide
Qu’un deux litres de lait
Duquel sont tombées,
Pour ensuite se perdre dans une tasse de café matinal,
Les dernières gouttes
Du liquide blanc pasteurisé.
Nadagami