Les doigts en appui
Sur les touches
Du clavier.
Ahurissante et déconcertante
Est la durée de temps nécessaire
À la production
De la première ligne tapée enfin conservée.
En regardant par les fenêtres
Alors que les doigts attendent
L’ordre d’enfoncer les touches,
On constate,
Sans vraiment y porter attention,
Que tombe
Très fine,
Très éparse,
La neige
Sous un ciel gris pâle,
Bas,
Sans contraste.
S’écoule le temps
Qu’accompagnent ce matin
Les flocons en fuite,
Si minimes,
Si fins,
Presque invisibles,
Mais qui finiront,
Au cours de l’après-midi,
Par gagner en volume
Alors que la brise toujours constante
Se manifestera
Avec plus d’intensité.
Mais le hic est qu’on n’en est pas encore là,
Pas alors qu’on écrit,
Puisque dehors, ce matin, il y a le temps gris
Qui a avalé les ombres tout en enfermant le village sur lui-même.
On continue donc de taper,
D’effacer, de corriger, de reformuler,
De reprendre au grand complet quelques lignes
Pour finalement tout effacer,
Ce qui implique
Qu’on efface des heures de travail
Parce que le fil conducteur ne conduit nulle part.
Ce ne sera donc
Qu’au cours de l’après-midi,
Et même de la soirée,
Qu’on finira par accoucher
De quelques lignes qu’on peine tant ce matin à taper.
Nadagami