Déborde le comptoir
De la vaisselle du souper d’hier.
Le soleil se lève.
S’entremêlent les images.
Des gens sont venus des bas
Et se sont emparés du sol du piémont.
Les années ont passé.
Comme eux mais plus tard,
Je suis parti des bas
Pour m’installer dans les hauts.
Serait-il possible que tout soit impossible?
Non... Eee... Oui... Eee...
Ché-ti, moué?
Les mots s’accrochent à la page.
Rien par le passé n’a été dit.
À moins que tout ait été dit?
Les deux sont possibles...
Ou impossibles?
Non mais ché-ti, moué?
De la vaisselle à laver,
Il y en a en simonac!
Tout de même intrigante cette langue française
Parce que,
Entre autres choses,
Elle est beaucoup à l’image de l’entité religieuse suprême
Qu’on a voulu m’enfoncer
Dans la tête :
Elle doit tellement être sans faute.
Ma vie est un écueil.
J’aime une langue
Dont on voudrait bien se débarrasser.
C’est ma vie,
Tirée de la vie qui est si bizarrement faite.
Naître pour aimer ce qui est à proscrire.
C’est complètement débile.
Le hic est que ça me décrit bien, que c’est ma vie.
Dès ma naissance,
J’ai été rejeté.
Ma mère me l’a dit,
Elle qui ne savait pas quoi faire d’un garçon.
Je venais à peine de voir le jour
Que déjà
La vie se chargeait de m’enfoncer dans le noir.
Et aujourd’hui je constate à quel point je ne sais rien,
À quel point je ne possède rien,
À quel point je ne suis rien.
La vie m’emporte
Tel le mince papier d’emballage d’une friandise
Indifféremment
Jeté au sol
Une fois la friandise déballée.
La vie est une saloperie.
Ça aurait pu être pire.
Mais ça ne règle pas la question de la vie :
Pourquoi naître si ce n’est que pour souffrir?
Il doit y avoir une raison,
Il faut qu’il y ait une raison.
Hein!
Mais c’est qui lui,
Cet homme coiffé d’un chapeau et qui vient tout juste de passer
En filigrane dans mon champ de vision?
Sapristi!
C’est l’agriculteur d’un temps passé qui toujours est en moi.
nadagami