À moins de deux mètres,
Les moqueurs roux, tels des éclaireurs,
Se sont rapprochés pour s’enquérir du pourquoi de ma présence.
Ils sont si près.
Perce un son répété à intervalles réguliers,
Comparable au miaulement du moqueur chat mais aussi et
En même temps, au coassement écourté du ouaouaron.
Le sarclage progresse. Les moqueurs roux s’éloignent et
Disparaissent dans le feuillage d’un cerisier sauvage.
Débute alors un concert de sons et de chants variés
Qui convainc de l’attroupement factice de différents oiseaux.
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Le temps, d’une seconde à l’autre, trébuche et se relève.
Souvenir d’hier.
On vient tout juste de déménager.
Pour la première fois.
Tout est nouveau.
Entre deux époques et entre deux lieux de résidence,
C’est la double rupture
Pour l'enfant d’un fils de la terre que la ville adopte.
Trébuchent et se relèvent sans cesse les secondes.
Hier, le père enfant travaillait avec le grand-père sur la terre.
Aujourd’hui, le fils enfant du père va seul à l’école.
Père et fils étrangers l’un face à l’autre.
Jamais les secondes n’ont cessé de trébucher et de se relever.
Un jour, beaucoup plus tard, le père est mort.
Le fils n’a pas pleuré.
Trop de secondes les séparaient.
Premier déménagement suivi de plusieurs autres déménagements et
De recommencements.
Tout le contraire de la vie de village
Où domine la continuité souvent exempte de rupture.
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Derrière, la cour.
À genoux.
Tandis que je plonge les mains dans la terre froide pour la remuer,
Émane le plaisir du travail accompli pour soi.
Derrière, la cour.
Petit coin de paradis
Pour les années à venir.
On dépose nos valises.
Derrière, la cour.
L'été, le gazon y pousse.
L'hiver, la neige y tombe.
Parfois, la douce sensation que le grand-père veille.
nadagami