Non.
Je me fais des accreires?
Oui, exactement.
Les mots, ces sons qu’on entend,
Ces formations symboliques que contorsionne le temps
Et dont on se sert pour révéler qui nous sommes,
Nous dévoilent parfois des vérités qui assomment.
Mots qui sentent le sapin,
Que je trouve malins,
Qui me vont bien
Et qui me font du bien.
Accroire :
J’ai peine à le croire
Vient du verbe accreire
Que me révèlent les dictionnaires.
Au même moment, dehors, il fait si beau.
Et mes mots
D’apaiser mes maux
Au même titre que cette merveilleuse journée ici dans les hauts.
Que passe ce temps
Qui a failli me faire oublier mes mots d’antan.
Qu’il passe le temps sans tout oublier ce qu’a été hier :
« Non mais, voulez-vous bin arrêter de m’en faire accreire! »
Je nous trouve beaux, belles.
Mais en même temps, aussi fatigués qu’un tas de vieilles bébelles.
Parce que trop nous pensons aux autres,
Et trop nous cherchons à penser comme les autres.
À la longue, ça devient tannant.
Tannant parce qu’écrasant,
Auto-flagellant,
Insignifiant.
Retour en arrière
Lors d’un de mes temps d’hier,
Et de découvrir une langue, la mienne, menacée,
Et à mon tour de me sentir menacé.
D’apprendre la langue des autres
Et même de m'en faire l'apôtre
M'a-t-il alors été conseillé
Et ainsi ma langue finirais-je par l'oublier.
L’oublier, ma langue?
Mais comment parler si je ne peux me servir de ma langue?
Le temps a passé,
Entre Lévis et Québec l’eau du fleuve a coulé.
Et alors que je ne m’y attendais pas, au cours d’une nuit, j’y ai rêvé.
À ma langue j’ai rêvé,
À cette langue apprise icitte,
Séparée cette langue parce que, comme moi, née icitte.
nadagami