Des feuilles, des mots

​Il vente.
Érables, cormiers, cerisiers sauvages et faux-trembles
Ne sont plus que couronnes
De feuilles éparses et desséchées.
 
Abandonnées
À leur propre sort,
Les feuilles détachées
Vont au gré du vent.
 
Le sol en est presque partout recouvert.
Armé d’un balai à feuilles,
Je racle (ratisse? non, pas vraiment) le sol pour mettre
Les feuilles en tas.
 
Ensuite,
À l’aide de la tondeuse,
Je les déchiquette
Pour éviter de les jeter ou encore de les brûler.
 
Ainsi, en les déchiquetant, accélère-t-on leur dégradation.
Mais bon,
Il faut brûler de l’essence pour les déchiqueter.
J’ai longtemps cherché,
 
Sans jamais trouver,
Afin de savoir s’il valait mieux, pour ce qui est des feuilles,
Les jeter, les brûler, les déchiqueter,
Ou encore,
 
 Laisser la nature faire ce qu’elle a à faire.
Toujours est-il que j’ai opté pour le déchiquetage
En faisant tourner le couteau
De la tondeuse à essence.
 
8 * 8
 
Assis, les deux mains sur le clavier, je racle les mots.
Pourquoi la langue française?
Toutes les langues s’équivalent.
Par ailleurs,
 
Comme il y a tout autour tant de locuteurs anglophones,
Il vaudrait peut-être mieux que je passe à l’anglais.
Mais j’aime la langue française.
Et j’aime écrire en français.
 
Je trouve cela beau des accents sur des lettres.
Une langue avec des genres,
C’est génial.
En plus,
 
La langue française est capricieuse,
Volatile,
Changeante,
Et compte tant de règles et d’exceptions.
 
En plus, c’est ma langue,
Que j’aime bien.
Et la raison des raisons qui fait que je l’aime bien,
C’est qu’elle est compliquée.
 
 
nadagami