Voilà que le printemps débarque.
Étonnement chez nous, car encore en début de semaine
On a pelleté, gratté et soufflé la neige qui ne cessait de tomber.
Tout à coup donc,
Sans crier garde,
Le printemps qui débarque.
On imagine sans effort la mine réjouie des sucriers.
Tout au fond de la cour arrière,
Une corneille se pose sur une branche de cormier,
Une parmi tous ces oiseaux au plumage noir
Dont les croassements retentissent davantage depuis deux semaines.
Nos doigts enfoncent les touches.
À l’écran, les lettres se succèdent.
On a lu le billet d’un chroniqueur qui, une fois de plus,
Souligne avec emphase le déclin de l’usage du français au Québec.
Le vent,
Toujours invisible,
A muté
Et n’est plus maintenant qu’absence d’élan.
Mais cela n’empêche en rien
Que c’est toujours
Son invisibilité qu’on détecte,
Ou pas.
En somme,
Est invisible le vent
Qui, en plus, aujourd'hui,
S'exhibe en passant par la manifestation de son absence.
Étrange élite
Qui sacrifie sa langue maternelle au profit d’une autre
Et en même temps,
À l'encontre de la richesse du bilinguisme.
Étrange élite
Composée de suiveux
Irréfléchis :
De vrais moutons comme en rêvent tant les élites religieuses.
Nadagami